Méditation sur l'ombre et la lumière inspirée d'un essai de l’écrivain japonais Junichiro Tanizaki. Proposition solennelle comportant sa part de lumière. Propos de courte portée. Plastique attrayante et sophistiquée. (sortie en salle: 5 avril 2024)
"Il n'y a pas de liberté sans connaître l'ombre", déclare ex-cathedra Catherine Martin à la fin de ce film d'essai en trois chapitres qui rejoint par ses thèmes et préoccupation certains de ses opus antérieurs tels DANS LES VILLES et L'ESPRIT DES LIEUX. La proposition, pour solennelle qu'elle soit, réserve sa part de lumière, notamment dans le segment central durant lequel Martin fait entendre, et apparaître en clairs-obscurs, les témoignages de trois aveugles - rejoignant ici le travail de Sophie Calle. Par-delà le propos sur la lumière et son "négatif", la proposition plastiquement sophistiquée mais dont la béatitude trahit la courte portée, fait l'éloge de la patience et de toutes choses analogiques. Du même souffle, la cinéaste déplore que le cinéma d'aujourd'hui ait migré vers la clarté du numérique, en laissant derrière les ombres si magnifiquement dessinées de l'argentique. Là-dessus, on peut difficilement la contredire.
Texte : Martin Bilodeau