L’AVIS DE MEDIAFILM

Tel un James Cameron allemand, Wim Wenders s'est fait le champion du tournage en 3D. Cette technique, devenue souvent accessoire dans le cinéma de divertissement, avait toutefois fait merveille dans son documentaire PINA, qu'il avait consacré à la chorégraphe Pina Bausch. Force est de constater que la 3D s'avère tout aussi pertinente - sinon davantage - dans cet hommage au génie créatif d'Anselm Kiefer, un autre de ses compatriotes. Les volumes des oeuvres, de même que les effets de relief et de profondeur de champ des installations de certaines d'entre elles (dont ses célèbres robes en plâtre surmontées de différents objets) sont particulièrement bien rendus à l'écran. Infatigable à 78 ans passés, Kiefer est fascinant à regarder, qu'il peaufine un tableau au lance-flamme ou qu'il applique du métal fondu sur une toile gigantesque plaquée au sol. Demeurant discret sur la vie personnelle de son sujet, le cinéaste évoque les hauts faits de sa carrière dans un assemblage fluide d'archives et de reconstitutions dramatiques, au cours desquelles - ultime bonne idée - il a fait jouer le rôle d'Anselm enfant à son petit-neveu Anton Wenders et celui d'Anselm quinquagénaire à Daniel Kiefer, le fils de l'artiste.

Texte : Louis-Paul Rioux