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2024-04-24 Martin Bilodeau

Rosalie: pile-poil féminine

Sept ans après La danseuse, sur la stupéfiante Loïe Fuller, Stéphanie Di Giusto s'attaque en beauté à une autre femme-phénomène dans Rosalie, en salle au Québec dès le 26 avril.

Dans un village reculé de la France du 19e siècle, Rosalie livre le combat d’une vie: celui de se faire aimer par son mari, un aubergiste qui l’a épousée pour sa dot sans savoir qu’elle était une “femme à barbe”. Rencontre à Paris en janvier avec la cinéaste Stéphanie Di Giusto, qui l’a imaginée, et l’actrice Nadia Tereszkiewicz, qui l’a jouée.

Comment cette histoire est-elle venue jusqu’à vous?

Stéphanie. J'ai croisé le chemin de cette femme à barbe du début du vingtième siècle qui s'appelle Clémentine Delay. J’ai été fascinée par sa photo. Je l'ai trouvée gracieuse, en fait. En lisant son autobiographie, j’ai appris qu'elle avait toujours refusé d'être un phénomène de foire. Elle voulait être ancrée dans la vie, avoir une vie de femme. C'est ce que j’ai trouvé très original chez elle.

Rosalie raconte l’histoire de cette femme?

Stéphanie. Comme je ne voulais pas du tout faire un biopic, je me suis inspirée d'autres femmes atteintes d'hirsutisme et j'ai inventé le destin de cette Rosalie, c'est à dire d'une femme qui se libère en assumant sa barbe. Et surtout, j'avais envie de raconter une histoire d'amour, une histoire d'amour sans condition, absolue.

Il y a des parallèles à faire entre ce personnage et Loïe Fuller, dont vous avez raconté le destin dans votre premier long métrage, La danseuse.

Stéphanie. Effectivement, ce sont deux portraits de femmes à la limite du monstrueux ou du pas normal, qui bouleversent les normes.

Celles du masculin et du féminin?

Stéphanie. La barbe rappelle le masculin, évidemment, mais je n'avais pas envie d'être dans l'opposition homme/femme. J'avais au contraire envie qu’on oublie ça pour questionner la liberté d'être soi. De la même manière que Loïe Fuller s'est cherché à travers ses voiles, Rosalie va se chercher, se définir, par ce handicap de naissance, un trouble génétique qu’elle n'a pas choisi.

Nadia. Rosalie est une femme et il s'avère qu'elle a la pilosité d'un homme. Donc, ça remet en doute ce que c'est que d'être une femme. Parce qu'on est dans une société qui juge et qui demande de rentrer dans des cases, elle doit compenser, dans la posture, par une ultra féminité. Il fallait trouver tout ce qui peut la féminiser, c'est-à-dire les vêtements, la délicatesse.

Mais dans le regard des autres, qu’en est-il?

Nadia. Ça les confronte, ça les trouble. Ça leur inspire une haine qu’ils vont diriger contre Rosalie qui pourtant, ne juge pas, elle n'a pas de haine. Elle n'a qu'une vie et veut la vivre en étant elle-même. Et c'est au moment où elle assume sa barbe qu'elle devient pleinement femme.

Comment avez-vous trouvé le point de rencontre avec votre partenaire de jeu Benoît Magimel, qui joue Abel, votre mari?

Nadia. J'ai découvert Benoît dans la fiction. On ne s’était pas rencontrés avant le tournage, pas même dans les loges. Le premier regard qu'il a posé sur moi, c’est au début du film, quand mon personnage arrive dans la charrette. Ça peut paraître ridicule, mais en réalité cette distance, ce mystère, ont nourri le jeu. Pour la scène de la nuit de noces, j'avais peur de la réaction de Benoît/Abel. Derrière la porte, ma main tapait contre la poignée tellement je n'arrivais pas à contrôler ma panique. Quand je suis arrivée devant lui, j’ai été modifiée, troublée, atteinte, par son regard, par ce qu'il me disait. Et même si on est restés dans le jeu, j'ai senti un rejet, un dégoût. Et donc, j'ai essayé de lui plaire pendant la moitié du film.

Rosalie prend l’affiche au Québec le 26 avril.

Entretien réalisé en janvier à Paris, dans le cadre des Rendez-vous d’Unifrance à Paris

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