L’AVIS DE MEDIAFILM

"Kenopsia" décrit l'état de mélancolie ou d'anxiété qu'on peut éprouver devant un lieu habituellement animé, désormais abandonné et silencieux. Partant de ce néologisme, Denis Côté formule une méditation intrigante sur la solitude, le désir, le passé collectif et la fragilité de la vie. Se concluant sur une note ambiguë, ouverte à toutes les interprétations, le récit minimaliste fait cohabiter plages de silences et longs monologues, entrecoupés de plans fixes de décors dénudés, témoignant en creux d'une activité bourdonnante passée. Çà et là, Côté gratifie le spectateur de fulgurances formelles qui, par contraste, mettent en évidence l'austérité générale de son traitement. En ce sens, MADEMOISELLE KENOPSIA appartient résolument à la veine films d'essai de son oeuvre (LES ÉTATS NORDIQUES, BESTIAIRE, TA PEAU SI LISSE). Totalement au service de la proposition exigeante du réalisateur, la talentueuse Larissa Corriveau (son interprète fétiche depuis RÉPERTOIRE DES VILLES DISPARUES) confère une réelle épaisseur dramatique et une touchante dimension humaine à ce qui serait sans elle une exploration du réel plutôt désincarnée.

Texte : Louis-Paul Rioux