L’AVIS DE MEDIAFILM

La fille de l'acteur britannique Bill Nighy (LIVING) a tourné en terre canadienne un premier long-métrage sensible et accompli, dans lequel elle pose un regard à la fois saisissant sur la masculinité toxique, et inspirant sur l'amitié et la solidarité féminines. Subtil, avec sa sous-intrigue en miroir sur la disparition inquiétante d'une fillette dans la région où séjournent les protagonistes, le scénario d'Alanna Francis (THE REST OF US) se signale par ses dialogues pertinents et bien dosés, qui empêchent le film de verser dans l'hystérie ou le didactisme. Le dénouement déjoue en outre les attentes, au risque cependant de ne pas satisfaire pleinement tous les spectateurs. D'entrée de jeu, Mary Nighy confère à sa réalisation une ambiance anxiogène, qu'elle parvient à maintenir tout du long, à l'aide d'une solide connaissance de la grammaire du cinéma. La facture visuelle du film manque toutefois de panache et de personnalité, sauf en ce qui a trait au décor lacustre, évocateur et bien exploité. Intense et très touchante, Anna Kendrick (UP IN THE AIR, INTO THE WOODS) se surpasse dans le rôle-titre.

Texte : Louis-Paul Rioux