Fr. 2018. Drame de Meryem Benm'Barek-Aloïsi avec Maha Alemi, Sarah Perles, Lubna Azabal. En déni de grossesse, une Casablancaise de vingt ans obtient l'aide de sa riche tante pour organiser en vitesse un mariage avec celui qui a reconnu l'enfant comme sien. Récit au scalpel dénonçant l'hypocrisie d'une société patriarcale et post-coloniale. Réalisation tendue, jusqu'au malaise. Trio d'actrices extrêmement douées. (sortie en salle: 10 mai 2019)
En déni de grossesse, une Casablancaise de vingt ans obtient l'aide de sa riche tante pour organiser en vitesse un mariage avec celui qui a reconnu l'enfant comme sien. Récit au scalpel dénonçant l'hypocrisie d'une société patriarcale et post-coloniale. Réalisation tendue, jusqu'au malaise. Trio d'actrices extrêmement douées. (sortie en salle: 10 mai 2019)
On pense spontanément au cinéma d'Asghar Farhadi (surtout UNE SÉPARATION) et au 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS de Cristian Mungiu devant cet impressionnant premier long métrage de Meryem Benm'Barek-Aloïsi, prix du scénario de la section Un certain regard à Cannes en 2018. Taillé au scalpel, le récit garde le spectateur sur le qui-vive, avec sa cascade de révélations choquantes qu'il serait criminel de dévoiler ici. En phase avec sa dénonciation implacable et étonnamment subtile de l'hypocrisie d'une société patriarcale et post-coloniale, la jeune réalisatrice marocaine signe une mise en scène tendue, jusqu'au malaise. Seule fausse note: un échange mère-fille un peu trop démonstratif, à l'approche du dénouement. Avec ses airs de Kristen Stewart maghrébine (menton pointu, moue boudeuse), Maha Alemi impressionne dans le rôle-titre, un personnage difficile à cerner, en apparence largué, en vérité très futé. À ses côtés, Sarah Perles crève l'écran, en cousine serviable et pleine de ressources, véritable boussole morale du film. Face à ces débutantes, Lubna Azabal (l'inoubliable héroïne d'INCENDIES) campe avec autorité, élégance et nuances la tante parvenue.
Texte : Louis-Paul Rioux