Alg. 2012. Drame de Merzak Allouache avec Nabil Asli, Adila Bendimerad, Khaled Benaissa. Un jeune jihadiste algérien réintègre la société et prend contact avec un pharmacien dont la fille fut assassinée par des camarades terroristes. Radiographie sociale convaincante. Scénario elliptique porté par un grand souci de réalisme. Mise en scène dépouillée. Interprétation convaincante. (sortie en salle: 10 mai 2013)
Un jeune jihadiste algérien réintègre la société et prend contact avec un pharmacien dont la fille fut assassinée par des camarades terroristes. Radiographie sociale convaincante. Scénario elliptique porté par un grand souci de réalisme. Mise en scène dépouillée. Interprétation convaincante. (sortie en salle: 10 mai 2013)
Merzak Allouache (BAB EL-OUED CITY, CHOUCHOU) qualifie à juste titre de "décennie noire" les années 1990 en Algérie, marquées par la montée du terrorisme islamiste, phénomène très bien illustré dans DES HOMMES ET DES DIEUX. Or, LE REPENTI ne nous reporte pas dans le passé. Le film campé au présent se veut plutôt la radiographie d'une société indisposée par la réintégration sociale des terroristes d'autrefois. Malgré les éléments de thriller contenus dans l'intrigue, le cinéaste a opté pour une approche dépouillée, réaliste, bref si proche du documentaire qu'on s'y croirait presque. L'illusion est du reste prolongée par le naturel confondant des acteurs, dont Nabil Asli, excellent dans la peau d'un jihadiste adolescent en quête de rédemption. Allouache cadre au plus près ce personnage tragique, entretenant ses zones d'ombre au moyen d'un scénario elliptique qui s'abstient de fournir au spectateur toutes les clés.
Texte : André Lavoie
Manon Dumais - Voir
(...) il y a dans le destin tragique du jeune Rachid (...) tant de faits que l’on voudrait (...) connaître et comprendre que bientôt on devient (...) captif de l’intrigue. (...) Si ce drame déroutant semble avancer dans un état d’engourdissement, le dernier tableau le tire violemment de sa torpeur.
Thomas Sotinel - Le Monde
Plutôt que de placer de longues tirades dans la bouche de ses personnages, (...) Allouache (...) insiste sur les silences, sur les phrases qui restent en suspens. (...) La lumière hivernale, les plans serrés tournés caméra à l'épaule accentuent encore cette sensation [d']enfermement.
Jacques Morice - Télérama
Horreur enfouie sous le tapis, amnésie politique, manipulation: le tableau (...) est inquiétant. [Allouache] ne vise personne, il rend compte plutôt d'une tension diffuse, où le silence est oppressant. D'où cette intrigue truffée d'ellipses, ce mystère entretenu.
François-Guillaume Lorrain - Le Point
Trop pessimiste, tournant le dos à l'espoir et à une fraternité aléatoire, (...) le film n'a pas plu en Algérie. Les autorités lui ont refusé tout financement et la sortie (...) a été court-circuitée. Signe que, là-bas, un artiste qui filme son pays à vif dérange visiblement.
Pierre Vavasseur - Le Parisien
Tourné avec les moyens du bord, servi par des acteurs à la sobriété efficace, LE REPENTI est un film sans effets. Il ne s’agit pas, pour Allouache, de fournir du spectacle mais d’être au plus près d’un traumatisme qui meurtrit encore, et pour longtemps, sa nation.