Can. 2005. Mélodrame de Luc Dionne avec Hélène Bourgeois-Leclerc, Serge Postigo, Marianne Fortier. Dans le Québec rural du début du XXe siècle, la deuxième femme d'un charpentier inflige des sévices de plus en plus graves à la fillette de celui-ci. Scénario plutôt simpliste aux dialogues abondants, inspiré d'un fait divers notoire. Développements psychologiques peu crédibles. Réalisation anonyme. Interprétation louable.
Dans le Québec rural du début du XXe siècle, la deuxième femme d'un charpentier inflige des sévices de plus en plus graves à la fillette de celui-ci. Scénario plutôt simpliste aux dialogues abondants, inspiré d'un fait divers notoire. Développements psychologiques peu crédibles. Réalisation anonyme. Interprétation louable.
On peut s'interroger sur la pertinence de reprendre ce fait divers qui, en 80 ans, est passé de l'histoire au folklore en étant transposé maintes fois au théâtre et une fois au cinéma en 1952. Si l'idée d'exploiter commercialement le martyre d'une enfant de onze ans peut sembler moralement douteuse, il faut reconnaître que Luc Dionne s'est considérablement documenté sur le sujet, ce qui transparaît principalement dans l'attention aux détails de la direction artistique. Malheureusement, l'auteur n'évite pas les écueils du mélodrame et ne parvient pas à rendre crédible la psychologie des personnages, surtout de la marâtre et du père, malgré les efforts louables des interprètes. Le récit s'étire inutilement dans la première heure et Dionne commet l'erreur de traiter les événements dans un ordre chronologique, ce qui retarde sournoisement le début du supplice. Le scénario repose énormément sur les dialogues, évacuant ainsi la conspiration du silence qui nouait pourtant cette communauté. De plus, la réalisation anonyme de Dionne n'adopte aucun point de vue défini, ce qui tend à neutraliser l'impact émotif qui devrait pourtant affecter le spectateur. L'emploi simpliste de vignettes qui servent de ponts superflus entre les séquences, l'usage abusif de fondus au noir qui ferment abruptement les scènes et l'étalage excessif de la musique nuisent également au résultat d'ensemble.
Texte : André Caron