G.-B. 2004. Drame politique de John Boorman avec Samuel L. Jackson, Juliette Binoche, Brendan Gleeson. En Afrique du Sud, pendant la Commission Vérité et réconciliation en 1996, deux journalistes aux visions opposées font de stupéfiantes découvertes. Reconstitution sensible des témoignages des victimes. Personnages très schématiques. Intrigue amoureuse peu crédible. Réalisation de métier. Interprétation honnête.
En Afrique du Sud, pendant la Commission Vérité et réconciliation en 1996, deux journalistes aux visions opposées font de stupéfiantes découvertes. Reconstitution sensible des témoignages des victimes. Personnages très schématiques. Intrigue amoureuse peu crédible. Réalisation de métier. Interprétation honnête.
Visiblement remis de l'échec de BEYOND RANGOON en 1995, le cinéaste anglais John Boorman renoue avec le drame politique dans IN MY COUNTRY. Mais une fois encore, l'affaire est loin d'être concluante, malgré la pertinence du sujet et l'urgence de ne pas voir les atrocités de l'apartheid en Afrique du sud sombrer dans l'oubli. Ce devoir de mémoire semble toutefois obnubiler Boorman, au point qu'il en néglige les autres aspects de son film. Même si les témoignages entendus, inspirés de ceux des véritables victimes, s'avèrent bouleversants, le récit qui les encadre manque d'authenticité. Les différends entre les deux journalistes, défendus par Samuel L. Jackson et Juliette Binoche, cachent une attirance évidente mais débouchent sur une liaison amoureuse que l'absence de chimie entre les deux vedettes rend embarrassante. Ce qui ressemble à un compromis pour rendre plus accrocheur un sujet délicat ne suffit pas à adoucir une histoire traitant de racisme et de violence. Évidemment, Boorman sait tirer profit de la beauté des vastes paysages du pays, mais cet étalage vient parfois parasiter ses bonnes intentions. Heureusement, les autres interprètes font montre d'une certaine vigueur, surtout Brendan Gleeson, parfaitement à l'aise dans le rôle ingrat d'une sale crapule, qui révèle par ailleurs la complexité des enjeux de ce drame.
Texte : André Lavoie