Norv. 2003. Comédie dramatique de Bent Hamer avec Joachim Calmeyer, Tomas Norstrom, Bjorn Floberg. Pour les besoins d'une étude scientifique, un observateur suédois posté dans la cuisine d'un célibataire norvégien consigne les faits et gestes de ce dernier. Sujet savoureusement absurde développé sur un ton pince-sans-rire. Habile mélange de satire et de tendresse. Mise en scène subtile et dépouillée. Interprétation faussement sérieuse.
Pour les besoins d'une étude scientifique, un observateur suédois posté dans la cuisine d'un célibataire norvégien consigne les faits et gestes de ce dernier. Sujet savoureusement absurde développé sur un ton pince-sans-rire. Habile mélange de satire et de tendresse. Mise en scène subtile et dépouillée. Interprétation faussement sérieuse.
Avec un tel sujet, bien peu de cinéastes auraient pu susciter le rire et l'émotion avec autant de finesse. À partir d'une situation de base loufoque développée avec une impassibilité toute keatonienne, Bent Hamer cultive l'absurde avec grand art. La première partie, franchement rigolote, distille un comique d'observation qui, par ses gags visuels et ses dialogues passés au crible ainsi que par la grande importance qu'occupent les sons et les bruits, s'apparente aux films de Jacques Tati. Hamer recourt alors à une photographie délavée et verdâtre pour accentuer la froideur des sentiments humains. Par la suite, tout en soulignant avec bonhomie les petits crocs-en-jambe que se font deux nations voisines et rivales, notamment à travers le jeu du chat et de la souris entre les protagonistes, le réalisateur brosse un portrait de moeurs à la fois satirique et tendre d'un lieu et d'une époque. Une interprétation faussement sérieuse ajoute au climat de dérision déjà bien installé, tandis qu'une mise en scène subtile et dépouillée, rappelant la touche d'un Aki Kaurismaki, inscrit KITCHEN STORIES dans une certaine tendance douce-amère du récent cinéma scandinave.
Texte : Jean Beaulieu