L’AVIS DE MEDIAFILM

Coiffant à 78 ans son cycle des Contes des quatre saisons, Éric Rohmer, plus vert que jamais à l'automne de sa vie, poursuit sa démarche de cinéaste singulier et rigoureux. Véritable adepte du langage châtié et digne héritier de Marivaux, il nous livre ici une réflexion plaisante sur les élans sentimentaux de gens d'âge mûr, contrairement aux trois autres volets de la série qui faisaient la part belle à la jeune génération. Bien qu'un peu lente à démarrer et peu portée sur un véritable renouvellement du thème traité, l'intrigue est truffée de fines observations sur les manigances amicales et amoureuses. Cela permet une fois de plus à Rohmer de tracer, avec précision et préciosité, le portrait de personnes tentant de manipuler le destin d'autrui ou encore d'échapper à l'inéluctable. Pour ce faire, le cinéaste a réuni deux de ses comédiennes fétiches avec qui il n'avait pas tourné depuis plus de dix ans, leur donnant ainsi l'occasion de camper des personnages assez différents de leurs rôles antérieurs. Quant à la mise en scène, par sa simplicité, elle tend à s'effacer doucement derrière le jeu relativement pétillant des interprètes.

Texte : Jean Beaulieu