L'avis de Mediafilm

Paolo Sorrentino cherche souvent à capturer l’insaisissable : la beauté (LA GRANDE BELLEZZA), la jeunesse (YOUTH), la force du destin (LA MAIN DE DIEU). L’empathie, le pouvoir, la vieillesse et la transmission animent sa réflexion discrète dans LA GRAZIA. Rendu célèbre par la flamboyance de ses propositions, Sorrentino travaille ici dans un registre plus intime, grave et subtil. Fable minimaliste aux airs de bilan de vie, LA GRAZIA est un somptueux portrait de caractère, composé d'une suite de sketches de qualité variable, mais généralement mémorables (mention spéciale à la trame liant De Santis à un astronaute isolé dans l’espace). Oeuvre mature, lente et mûrement réfléchie, LA GRAZIA est magnifiquement photographié, mise en scène et interprété. Toni Servillo, acteur fétiche du cinéaste, y trouve ce qui est probablement son plus grand rôle; celui d’un idéaliste profondément mélancolique, qui s’efforce désespérément de résister à la nostalgie. Et qui réalise que tout ce qu’il a accompli est moins important que ce qu’il lui reste à réussir. (Texte rédigé en octobre 2025, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma de Montréal)

Georges Privet