L’AVIS DE MEDIAFILM

Une méditation sentie et touchante sur la vieillesse et la mort; une satire cinglante mais inégale de l'ère du "wokisme"; une réflexion passionnée, mais ultimement apaisée, sur l’avenir de la société québécoise. TESTAMENT est tout ça à la fois. Et si le bilan global apparaît parfois mitigé (la satire – souvent jouissive – est parfois lourde), le courage et l’ambition de Denys Arcand, 82 ans, forcent l’admiration. D’autant plus que le réalisateur, souvent taxé de cynisme, s'exprime ici avec fougue et passion. Et que ce film-somme vient parachever (si le titre est à prendre au pied de la lettre) une oeuvre-phare, qui documente depuis près de 60 ans les travers de la société québécoise. La mise en scène d'Arcand – élégante comme toujours – est l’oeil de l’ouragan autour duquel spirale un scénario foisonnant, tour à tour drôle, lucide, caricatural et touchant. Rémy Girard (LE DÉCLIN DE L'EMPIRE AMÉRICAIN, LES INVASIONS BARBARES) joue avec son assurance habituelle le rôle d’un archiviste en quête de repères, tandis que Sophie Lorain surprend en gestionnaire en perte de contrôle. Leur rencontre improbable, dans un monde qui se cherche, apporte équilibre et apaisement à ce testament insoumis et foisonnant.

Texte : Georges Privet