L’AVIS DE MEDIAFILM

Là où le grand Stanley Kubrick a renoncé, Ridley Scott se risque. Certes imparfait, son Napoléon a du souffle et de la gueule. Elliptique, au point d'en devenir confus, le scénario de David Scarpa (ALL THE MONEY IN THE WORLD) s'applique à évoquer les faits saillants de la carrière de Bonaparte (libération de Toulon, batailles d'Austerlitz et de Waterloo, le sacre, la débandade russe, les exils, etc.). Rompu à l'exercice des affrontements épiques et guerriers (GLADIATOR, KINGDOM OF HEAVEN, THE LAST DUEL), Scott met le tout en scène avec une virtuosité et une vigueur admirables. Fil conducteur du film, la relation orageuse entre Napoléon et Joséphine est illustrée de manière surprenante, sur un ton trivial et effronté sans doute pas très loin de la vérité historique. Dans ces séquences plus intimistes toutefois, Joaquin Phoenix (GLADIATOR) retrouve ses tics habituels et cabotine allègrement, enlevant de la grandeur à la figure de l'homme d'État qui a profondément transformé la société française. L'acteur convainc davantage dans la posture stoïque du stratège militaire, celle que la postérité a retenue de l'empereur.

Texte : Louis-Paul Rioux