L’AVIS DE MEDIAFILM

Sous ses airs d'ambitieux thriller politique international, ce nouvel opus d'Abel Ferrara (THE BAD LIEUTENANT, PASOLINI, SIBERIA) cache une modeste série B, prétexte à une méditation confuse mais passionnée sur l'état du monde. Certes, le scénario est aussi binaire que son titre, et bourré de métaphores aussi risibles que transparentes. Mais le film, tourné en pleine pandémie dans une Rome déserte, baigne dans une atmosphère étrange - au carrefour du rêve fiévreux et de l'hallucination contrôlée -, qui colle à la peau. Au point de faire de cet OVNI une des expériences les plus intrigantes suscitées par la crise sanitaire actuelle. Le fait que ZEROS AND ONES s'ouvre et se clôt sur deux adresses à la caméra de l'acteur principal Ethan Hawke (la première est un "pitch" de sociofinancement réalisé pour la production du film!), ajoute à l'étrangeté de ce projet aussi décousu que singulier, qui semble largement improvisé par moments. Tournant pour la première fois avec Ferrara, Hawke s'avère solide dans un double rôle pourtant peu vraisemblable.

Texte : Georges Privet