L’AVIS DE MEDIAFILM

En 2015, Ivan Calbérac avait visé juste en adaptant au cinéma sa pièce "L'Étudiante et monsieur Henri". Sa transposition à l'écran de "La Dégustation", Molière de la meilleure comédie en 2019, n’est pas aussi heureuse. Bien qu’il rende un hommage senti aux connaisseurs de grands vins, essentiels passeurs d'un savoir millénaire, son film cousu de fil blanc multiplie les revirements fabriqués. Dans un premier temps, les dialogues à double sens ont du piquant et quelques situations comiques font sourire. Mais la progression se fait ensuite plus hésitante, alors que le ton s'assombrit et que se referment de manière attendue les blessures du passé des protagonistes. Ceux-ci sont cependant défendus avec sensibilité par Bernard Campan et Isabelle Carré, qui reprennent leurs rôles créés à la scène. Les origines théâtrales du récit transparaissent dans les premières séquences, verbeuses et filmées sans grand relief à l'intérieur de la boutique. Le reste du film, plus aéré et silencieux, met bien en valeur les panoramas d'une grande région vinicole française.

Texte : Louis-Paul Rioux