L’AVIS DE MEDIAFILM

Sur une prémisse qui ressemble à celle de TU DORS NICOLE, mais dans un registre absurde autrement plus excentrique, FARADOR raconte le douloureux (mais souvent désopilant) passage à l'âge adulte d'un trio d'"incels" de banlieue. Partant d'un court métrage qui a fait un malheur sur YouTube, le scénariste Éric K. Boulianne (AVANT QU'ON EXPLOSE, VIKING) et ses complices lui ont donné la modeste envergure d'un long, sans trace d'effort ou impression d'expansion forcée. Au contraire, la réalisation compétente d'Édouard Tremblay (FEUILLES MORTES) s'assortit de belles échappées visuelles, l'intrigue déboule à bon rythme et, par le frottement des deux temps de l'action (le présent et le jeu de rôles), formule une réflexion sensible sur le décrochage et l'aliénation masculine. L'enjeu fait rire, grâce au sens comique décomplexé des auteurs. Mais ils ne semblent pas s'en moquer, ce qui est tout à leur honneur. La distribution, épatante, est au diapason.

Texte : Martin Bilodeau