L’AVIS DE MEDIAFILM

Après Luc Picard (BABINE, ÉSIMÉSAC), c'est au tour de Francis Leclerc de porter à l'écran l'univers folklorique du conteur Fred Pellerin. L'approche, le ton, sont différents. Moins gothique, moins fou (linguistiquement surtout), L'ARRACHEUSE DE TEMPS apparaît cependant plus cohérent dans ses intentions et achevé dans sa forme. Et ce, même s'il manque (inévitablement) à ce film choral ce qui fait le succès de Pellerin: sa voix, puissante, magique, capable de faire défiler un film dans la tête du spectateur, par l'unique recours à une langue inventée. La proposition de Leclerc, qu'à cela ne tienne, est fort belle. Le réalisateur de MÉMOIRES AFFECTIVES et PIEDS NUS DANS L'AUBE nous entraîne au carrefour du réalisme rural et de la fantaisie naïve, pour évoquer à hauteur d'enfant des thèmes universels tels que la peur de l'autre, la duplicité, l'ignorance, et bien sûr la mort, l'arracheuse du titre étant cousine de la Faucheuse. Vrai, l'intrigue tient en haleine par intermittence et les scènes au présent manquent d'éclat. Mais l'imagination mise à l'oeuvre dans les flashbacks (qui occupent environ 80% du temps-écran) et l'épatante galerie de personnages défendus par une distribution cinq étoiles, donnent à l'ensemble la valeur d'une épopée.

Texte : Martin Bilodeau