L’AVIS DE MEDIAFILM

"L’humour est la politesse du désespoir". Cet aphorisme, attribué au cinéaste Chris Marker, aurait pu servir de devise à Camille, personnage-phare de ce film qui, à l’instar de son héroïne, oscille entre légèreté appuyée et mélodrame flamboyant. Adapté du best-seller éponyme d’Olivier Boudreault, EN ATTENDANT BOJANGLES démarre comme un film de Philippe De Broca, flirte avec la noirceur élégante d’Émile Ajar (encore plus que Romain Gary) et s’égare dans l’univers factice d’un Alexandre Jardin. Après une première partie sémillante, qui n’évite pas la mièvrerie, le récit devient plus grave, portant un regard poétique sur la maladie mentale. Or, ce changement de ton s'effectue de manière peu convaincante. Les images de Guillaume Schiffman (THE ARTIST) sont néanmoins très soignées et la mise en scène de Régis Roinsard (POPULAIRE) somme toute honnête, sans les fulgurances qu’on retrouve, par exemple, dans LES AMANTS DU PONT-NEUF, autre histoire d’amour fou entre deux marginaux. Restent les formidables prestations de Romain Duris, impeccable en Don Quichotte conjugal, et de la bouleversante Virginie Efira.

Texte : Éric Fourlanty