L’AVIS DE MEDIAFILM

Sur les thèmes de la culpabilité et de la pénitence, ce modeste film noir de Nicolas Boukhrief (LA CONFESSION) rend un écho sensible au passionnant roman éponyme de Pierre Lemaitre (AU REVOIR, LÀ HAUT), qui en signe lui-même l'adaptation. La peinture de milieu est particulièrement juste et cruelle, avec son climat de violence larvée, ainsi que son quotidien ankylosé par les secrets, l'hypocrisie et les petits chantages. La nature, partie prenante de l'intrigue, est filmée à vol d'oiseau, pour en évoquer le caractère indomptable - partagé par certains des personnages dont celui du voisin, bien défendu par un Charles Berling à contre-emploi. À l'opposé, Philippe Torreton campe le médecin de village avec l'autorité et la retenue d'un homme chez qui le savoir pèse. À mi-chemin entre ces deux figures, Sandrine Bonnaire campe avec nuance une mère impénétrable. Pourtant, par-delà l'indéniable qualité de l'interprétation d'ensemble, le cinéaste a parfois du mal à rendre explicite la pensée de son héros déchiré, siège de l'intrigue psychologique imaginée par Lemaitre. Au passage du texte à l'image, quelque chose s'est en effet perdu.

Texte : Martin Bilodeau