All. 2019. Drame de Nora Fingscheidt avec Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide. Une enfant de 9 ans, ballotée d'un foyer d'assistance publique à l'autre en raison de ses colères terribles, forme une connivence avec un éducateur dédié exclusivement à son cas. Récit fort sur les limites du secours à l'enfance. Mise en scène emphatique, créant une distance avec le spectateur. Composition époustouflante de la petite H. Zengel.
Une enfant de 9 ans, ballotée d'un foyer d'assistance publique à l'autre en raison de ses colères terribles, forme une connivence avec un éducateur dédié exclusivement à son cas. Récit fort sur les limites du secours à l'enfance. Mise en scène emphatique, créant une distance avec le spectateur. Composition époustouflante de la petite H. Zengel.
Helena Zengel compose une époustouflante enfant terrible, volcan de colère et de pulsions destructrices, dans ce premier long métrage de fiction de l'Allemande Nora Fingscheidt. La petite constitue du reste le maillon le plus fort de ce drame psychologique et social, par lequel la cinéaste, avec une objectivité quasi journalistique, exprime les limites du système de protection de l'enfance. Ainsi, les points de vue de tous les protagonistes sont bien illustrés (celui de l'éducateur étant le mieux développé). Mais le parti-pris de l'auteure pour la gamine privée d'amour ne se dément jamais. Par sa mise en scène emphatique (jump-cuts, flashes, musique tonitruante, etc.), Fingscheidt entend même reproduire à l'image et dans le son les tempêtes intérieures de Benni. Mais le dispositif, aussi efficace soit-il pour la compréhension du spectateur, a la fâcheuse conséquence de le tenir à distance. Ce croisement taciturne de L'ENFANT SAUVAGE et THE MIRACLE WORKER comporte toutefois quelques instants de grâce. L'un d'entre eux, montrant la travailleuse sociale en train de craquer, vaut son pesant d'or. (Texte rédigé en février 2019, dans le cadre du Festival de Berlin)
Texte : Martin Bilodeau