Can. 2019. Drame de Rodrigue Jean avec Sébastien Ricard, Yury Paulau, Lise Roy. Dans le condo froid d'une tour montréalaise, la relation pulsionnelle d'un quadragénaire, dont la mère est mourante, avec un acrobate russe blessé à la jambe. Oeuvre violemment charnelle et explicite, célébrant les corps masculins. Fine réflexion sur la solitude urbaine contemporaine. Très justes S. Ricard et Y. Paulau. (sortie en salle: 7 février 2020)
Dans le condo froid d'une tour montréalaise, la relation pulsionnelle d'un quadragénaire, dont la mère est mourante, avec un acrobate russe blessé à la jambe. Oeuvre violemment charnelle et explicite, célébrant les corps masculins. Fine réflexion sur la solitude urbaine contemporaine. Très justes S. Ricard et Y. Paulau. (sortie en salle: 7 février 2020)
Le cinéma de Rodrigue Jean (YELLOWKNIFE, L'AMOUR AU TEMPS DE LA GUERRE CIVILE) est violemment charnel. Aux confins de la douleur et de la jouissance, les corps (masculins, surtout) y sont les réceptacles de mille tourments et voluptés. En filmant une passion homosexuelle à la fois foudroyante, malsaine et vivifiante, son sixième long métrage n'échappe pas à la règle. Exclus du monde extérieur, et en premier lieu de celui du travail, les deux amants (très justes Sébastien Ricard et Yury Paulau) semblent trouver dans leur dynamique de domination non seulement un refuge à la brutale froideur du dehors, mais également un brûlant regain de vie. Explicite, pornographique, mélancolique, L'ACROBATE capture l'intimité de deux corps vulnérables, qui s'étreignent et s'entrechoquent, ainsi que l'étincelle que produit la rencontre de deux solitudes, purs produits d'une urbanité anonyme, glaciale comme la mort. C'est beau, lugubre, et étonnamment politique dans la manière frontale de filmer le sexe et le désir, comme autant d'armes de résistance contre le moralisme ambiant.
Texte : Céline Gobert