L’AVIS DE MEDIAFILM

Scindé en deux parties distinctes qui ne se répondent jamais vraiment, ce portrait de femme traumatisée par divers revers de fortune ne parvient pas à trouver l'équilibre entre drame intimiste et "feel-good movie". Adapté du roman éponyme de Maria Semple, fille du scénariste hollywoodien Lorenzo Semple Jr., le récit débute pourtant de belle manière. Plusieurs problématiques graves y sont en effet abordées avec empathie (maternité contrariée, famille en crise, difficulté d'exister dans l'ombre de l'autre, etc.). Le regard que Richard Linklater (LAST FLAG FLYING, BOYHOOD) porte sur le destin de sa protagoniste émeut autant par son absence de jugement que par sa délicatesse. La brillante composition tout en nuances de Cate Blanchett ajoute à la sincérité de ce premier droit. Hélas, au mitan du film, le ton change radicalement, entraînant l'intrigue loin du réalisme initial. Les rebondissements maladroits s'accumulent alors jusqu'à un dénouement rassembleur, hâtif, et en définitive peu crédible. Notons toutefois la performance de la nouvelle venue Emma Nelson, qui campe avec naturel une jeune fille résiliente, déterminée à sauver sa mère du naufrage.

Texte : Charles-Henri Ramond