É.-U. 2018. Drame de Sara Colangelo avec Maggie Gyllenhaal, Parker Sevak, Gael Garcia Bernal. La mission d'une éducatrice en garderie d'encourager la créativité d'un garçon de cinq ans, qui compose de poignants poèmes, tourne à l'obsession. Remake sensible d'un film israélien. Superbe portrait de femme, d'une fascinante ambiguïté. Mise en scène remarquable de précision. M. Gyllenhaal magistrale.
La mission d'une éducatrice en garderie d'encourager la créativité d'un garçon de cinq ans, qui compose de poignants poèmes, tourne à l'obsession. Remake sensible d'un film israélien. Superbe portrait de femme, d'une fascinante ambiguïté. Mise en scène remarquable de précision. M. Gyllenhaal magistrale.
Ce remake sensible du film L’INSTITUTRICE, de l'Israélien Nadav Lapid, offre un superbe portrait de femme, que n’aurait pas renié la Gena Rowlands de A WOMAN UNDER THE INFLUENCE. Cela dit, bien loin de la manière Cassavetes, Sara Colangelo (WORTH) tisse son récit par touches impressionnistes, avec une maîtrise remarquable. Ce qui débute comme la chronique d’une Madame Bovary de Staten Island bifurque vers des zones d'une fascinante ambiguïté, sans que la cinéaste n’explique ou ne juge les gestes de plus en plus radicaux de son héroïne. Âpre et délicat, THE KINDERGARTEN TEACHER est porté par une mise en scène qui a la précision d’un scalpel sans en avoir le tranchant: un regard doux et lucide, sans faux-fuyants ni complaisance, sur les errances existentielles de sa protagoniste en quête de transcendance. La direction-photo, le son et le montage sont à l’avenant, tous au service du récit. Le petit Parker Sevak est habité par son personnage au don plus grand que lui, mais c’est Maggie Gyllenhaal (SECRETARY, CRAZY HEART) qui porte le film sur ses épaules, magistrale, lumineuse et effarée, dans un des rôles les plus riches de sa carrière.
Texte : Éric Fourlanty