L’AVIS DE MEDIAFILM

À deux exceptions près (THE COLOR PURPLE, ALWAYS), Steven Spielberg a toujours été le cinéaste des hommes et des enfants. Mères ou épouses du héros, les femmes dans son cinéma occupent rarement le centre du tableau. Qu'on fasse grand cas du fait qu'il dirige pour la première fois Meryl Streep occulte opportunément ce déficit. Ironiquement, l'actrice trois fois oscarisée joue dans THE POST une mondaine de l'ombre forcée d'occuper un rôle de premier plan. Elle le fait d'ailleurs très bien, en apportant à ce récit verbeux, au suspense discret, un bienvenu supplément d'âme. Il reste que, deux ans après SPOTLIGHT de Tom McCarthy, l'hommage de Spielberg à la presse écrite et aux vertus cardinales de l'information a gagné en actualité ce qu'il a perdu en momentum. D'où l'impression d'un film - sorte de prologue à l'affaire du Watergate - qui égrène un chapelet d'évidences. Néanmoins, l'ensemble séduit par sa riche galerie d'interprètes, sa réalisation gracieuse et sa reconstitution d'époque magnifique, riche en détails. À cet égard, les scènes montrant en action l'imprimerie du Washington Post sont rien de moins que spectaculaires.

Texte : Martin Bilodeau