L’AVIS DE MEDIAFILM

Avec cette fable sombre et prenante sur le pouvoir corrupteur de l'argent, Ridley Scott ajoute, en la personne de Jean-Paul Getty, un morceau de choix dans la galerie des monstres tout-puissants qui jalonnent son oeuvre, du Tyrell de BLADE RUNNER au Weyland d'ALIEN - COVENANT. Clairement fasciné par cet individu qui préfère les objets aux gens, Scott signe une mise en scène à l'élégance froide et impersonnelle, à l'image des demeures et objets d'art collectionnées par ce dernier. De même, le scénario - habile et cinglant - réserve ses meilleures répliques à cet homme qui a l'étrange distinction d'être à la fois le plus riche et le plus pingre au monde, et qui prend un plaisir évident à défendre une logique selon laquelle tout (même la vie) doit faire l'objet d'une analyse coût-bénéfice. Luxueux mais glacial, l'ensemble forme un formidable écrin pour la performance exceptionnelle de Christopher Plummer (qui a remplacé au pied levé Kevin Spacey). Son portrait mémorable d'un richard à l'avarice shakespearienne s'impose dans un film où tout le monde (des plus riches aux plus pauvres) semble prisonnier du pouvoir de l'argent.

Texte : Georges Privet