Hongr. 2017. Drame sentimental de Ildiko Enyedi avec Alexandra Borbély, Geza Morcsanyi, Reka Tenki. Le directeur d'un abattoir découvre que ses rêves nocturnes sont identiques à ceux de la fonctionnaire autiste chargée du contrôle de la qualité de son établissement. Oeuvre de cinéma libre et sans compromis. Écriture visuelle insolite et forte. Ensemble à la fois ludique et désenchanté. Interprètes exceptionnels.
Le directeur d'un abattoir découvre que ses rêves nocturnes sont identiques à ceux de la fonctionnaire autiste chargée du contrôle de la qualité de son établissement. Oeuvre de cinéma libre et sans compromis. Écriture visuelle insolite et forte. Ensemble à la fois ludique et désenchanté. Interprètes exceptionnels.
Découverte en 1989 avec MON 20e SIÈCLE, la Hongroise Ildiko Enyedi n'avait pour ainsi dire pas refait surface à l'international. ON BODY AND SOUL devrait corriger la situation. Cette oeuvre de cinéma à part entière, originale et sans compromis, est marquée par une écriture visuelle insolite, très forte, en soutien à une pensée libérée des règles et des modèles. Pour situer le film, disons que sa retenue et son esprit, à la fois ludique et désenchanté, rappellent TONI ERDMANN de Maren Ade. Et que la cartographie des sentiments, surréaliste et proche du conte, convoque le cinéma de Bent Hamer (KITCHEN STORIES, O'HORTEN). Bref, Enyedi nous entraîne en plein territoire de création, pour une histoire d'amour singulière, dont la tendresse infinie est répercutée dans le décor brutal et sanguinolent d'un abattoir de bovins. Le montage au scalpel découpe avec finesse les corps des protagonistes, tirant le maximum d'expression d'un geste ou d'un regard. Cette absence de mots inutiles donne aux deux exceptionnels interprètes l'occasion de composer des personnages de lumière et de mystère. (Texte rédigé en février 2017, dans le cadre du Festival de Berlin)
Texte : Martin Bilodeau