Can. 2017. Film de montage de Luc Bourdon . Assemblage d'extraits de centaines de productions de l'Office national du film du Canada, brossant un portrait du Québec, de la fin des années 1960 au début des années 1980. Suite de "La mémoire des anges", à la fois plus ambitieuse et morose. Fil conducteur peu affirmé. Survol de trop nombreux thèmes. Travail de montage visuel et sonore forçant l'admiration. (sortie en salle: 16 février 2018)
Assemblage d'extraits de centaines de productions de l'Office national du film du Canada, brossant un portrait du Québec, de la fin des années 1960 au début des années 1980. Suite de "La mémoire des anges", à la fois plus ambitieuse et morose. Fil conducteur peu affirmé. Survol de trop nombreux thèmes. Travail de montage visuel et sonore forçant l'admiration. (sortie en salle: 16 février 2018)
Dix ans après LA MÉMOIRE DES ANGES, évocation poétique du Montréal des années 1940 à 60 via les archives de l'ONF, Luc Bourdon élargit le spectre au Québec tout entier pour cette suite stylistiquement similaire (collage d'extraits de films sans narration ni repères nominatifs ou chronologiques), mais à la tonalité plus sombre. De fait, les promesses des réformes de la Révolution tranquille, illustrées à la fin du premier volet, font ici place à la désillusion collective et à l'effritement du tissu social, un sentiment renforcé par les images en écho du bourbier vietnamien et de mai 1968 en France. Mais tout n'est pas si sombre, alors que s'exprime la fierté nationale au détour de victoires électorales mémorables ou de conquêtes de la coupe Stanley par les autrefois glorieux Canadiens de Montréal. Et en filigrane, Bourdon célèbre l'éclosion d'une cinématographie québécoise audacieuse et d'une scène artistique engagée. Cela dit, si le méticuleux travail de montage visuel et de courtepointe sonore force toujours l'admiration, le fil conducteur du récit apparaît ici moins affirmé, laissant une impression de survol de trop nombreux thèmes.
Texte : Louis-Paul Rioux
Normand Provencher - Le Soleil
"Les pages de notre passé se tournent les unes après les autres — Jean Chrétien déguisé en Indien au Festival de Saint-Tite, la Crise d’octobre vécu dans les studios de CKAC, Nadia Comaneci aux Jeux de 1976... — tout cela dans un beau désordre où rien ni personne n’est identifié. En cela, le réalisateur ne cherche pas à prendre le spectateur par la main. À chacun de faire aller sa mémoire, ses souvenirs."
Robert Daudelin - 24 Images
"L’époque évoquée est lourde de déceptions, de questionnements aussi : le film le dit très bien, souvent avec émotion. C’est bien sûr le montage qui est la clé de voûte d’une telle entreprise, et quel montage !"
Jérôme Delgado - Le Devoir
"On pourrait reprocher à Luc Bourdon d’avoir répété une recette, de n’avoir changé finalement que de puits. L’eau qu’il nous sert, heureusement, est unique, notamment parce qu’il a retenu la plupart du temps les à-côtés de l’histoire officielle plutôt que ses grands clichés."