L’AVIS DE MEDIAFILM

Si JALOUSE est un film réussi, c'est en grande partie grâce à Karin Viard. Et à ses auteurs, les frères Foenkinos (LA DÉLICATESSE), qui ont su si bien opposer l'intelligence incisive de l'actrice à son envers tendre et vulnérable. Dans un rôle de second plan, qui sert à mettre en valeur la dualité intérieure de l'héroïne, Anne Dorval est également excellente, offrant une partition tout en douceur qui tranche avec l'image qu'on se fait d'elle au Québec. Étrangement, le film commence plutôt mal, avec une exposition assez maladroite des enjeux et quelques plans mal calibrés. La suite se raffine, alors que le mal-être de la protagoniste prend toute sa dimension tragique, à coups de griffes, de paroles de trop et d'actes manqués. Le récit - sur l'envie bien sûr, mais aussi les passages à vide et les espoirs déçus - ne va jamais là où on l'attend, les auteurs évitant soigneusement les solutions toutes prêtes et les réponses toutes faites. JALOUSE réside en fait dans l'empire du doute et de la fragilité, ce dont rend compte sa mise en scène un peu flottante, marquée par un agile parti pris d'action et de réaction dans le même cadre.

Texte : Martin Bilodeau