L’AVIS DE MEDIAFILM

Ce film parfois fort, mais ultimement inégal, s'articule autour d'un scénario ambitieux, qui fait porter à un seul personnage l'odieux d'un racisme systémique. Ce problème est amplifié par le déséquilibre de sa structure. Ainsi, le film s'amorce comme un drame choral un peu éparpillé; il se mue ensuite en un huis clos extrêmement intense, dans la veine du cinéma d'horreur; il se termine enfin sur un procès schématique et vite expédié. Comme d'habitude, Kathryn Bigelow (THE HURT LOCKER, ZERO DARK THIRTY) signe une mise en scène musclée, dont l'expertise n'est toutefois pas exempte de manipulation. Les contributions de son équipe - en particulier à la direction artistique et à la photographie - sont cependant de haut niveau. L'ensemble laisse l'impression d'une oeuvre ambitieuse mais réductrice, qui néanmoins se distingue par les performances remarquables d'une distribution sans faille, dominée par l'acteur britannique Will Poulter, inoubliable en fière incarnation du racisme policier.

Texte : Georges Privet