Fr. 2016. Comédie de Bruno Dumont avec Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi. À l'été 1910, l'arrivée d'une famille de grands bourgeois dans leur villa de vacances coïncide avec le début d'une série de disparitions suspectes dans la région. Proposition originale et audacieuse, proche du théâtre de l'absurde. Intrigue perdant de son souffle. Valeurs de plan très expressives. Vedettes en mode surjeu. (sortie en salle: 21 juillet 2017)
À l'été 1910, l'arrivée d'une famille de grands bourgeois dans leur villa de vacances coïncide avec le début d'une série de disparitions suspectes dans la région. Proposition originale et audacieuse, proche du théâtre de l'absurde. Intrigue perdant de son souffle. Valeurs de plan très expressives. Vedettes en mode surjeu. (sortie en salle: 21 juillet 2017)
Voulant faire image, Jacques Brel disait que "les bourgeois, c'est comme les cochons". Bruno Dumont (LA VIE DE JÉSUS, L'HUMANITÉ) l'a pris au pied de la lettre. En témoigne son 8e long métrage, dans lequel il oppose des petits pêcheurs, filmés en contre-plongée, à la soviétique, et des grands bourgeois du nord de la France, figures renoiriennes grossies mille fois, filmées de haut. Le parti pris de Dumont pour les premiers, cannibales, contre les seconds, consanguins, s'affiche donc partout. Or, dès la 15e minute, le cinéaste semble avoir déjà fini d'ouvrir son jeu. Jusqu'à ce qu'au 3e acte, quelques effets visuels empruntés au théâtre de l'illusion viennent rompre la monotonie d'un film enroulé sur lui-même, par lequel l'auteur confirme son virage vers l'absurde, amorcé avec sa minisérie "P'tit Quinquin". Peuplé de personnages dessinés au crayon gras (dont les deux flics au carrefour de Laurel et Hardy et des jumeaux Dupont), l'ensemble donne l'impression d'un boulevard socialiste monté par une troupe de handicapés intellectuels. En mode surjeu, Fabrice Luchini et Juliette Binoche se donnent à fond, avec un abandon qui fait parfois peur à voir. (Texte rédigé en mai 2016, dans le cadre du Festival de Cannes - Sélection officielle, compétition)
Texte : Martin Bilodeau