It. 2016. Documentaire de Gianfranco Rosi . Portrait de Lampedusa, petite île située à 120 kilomètres de la Sicile, devenue le point de chute de milliers de réfugiés africains arrivés par bateau de fortune. Oeuvre forte et utile, sans commentaire ni voix off. Parti pris narratif très audacieux. Caméra attentive. Protagoniste attachant. (sortie en salle: 25 novembre 2016)
Portrait de Lampedusa, petite île située à 120 kilomètres de la Sicile, devenue le point de chute de milliers de réfugiés africains arrivés par bateau de fortune. Oeuvre forte et utile, sans commentaire ni voix off. Parti pris narratif très audacieux. Caméra attentive. Protagoniste attachant. (sortie en salle: 25 novembre 2016)
Sans commentaire ni voix off pour guider le spectateur, ce documentaire de Gianfranco Rosi (né en Érythrée) est au contraire bercé par le bruit des vagues et le mouvement tranquille d'une caméra attentive et objective - dans ce que cette notion possède de plus authentiquement vrai. Empathique mais jamais misérabiliste, lucide mais jamais désespéré, le film oppose deux réalités qui se touchent à peine, et qui chacune aurait pu faire l'objet d'un film. Pour mieux nous surprendre, et nous émouvoir, Rosi renforce son propos (sur l'intense proximité des deux mondes, aveugles l'un à l'autre) en juxtaposant aux images insoutenables de corps extirpés des embarcations de fortune les pitreries du petit héros hypocondriaque (le frimeur le plus attachant du cinéma depuis Antoine Doinel). Ce parti pris audacieux aurait pu atténuer le choc. Au contraire, il le décuple. (Texte rédigé en février 2016, dans le cadre du Festival de Berlin)
Texte : Martin Bilodeau