L’AVIS DE MEDIAFILM

Prenant le contrepied de son ARCHE RUSSE, tourné en un seul plan-séquence au musée de l'Ermitage, Alexandre Sokourov adopte ici la forme du film de montage entrecoupé de brèves reconstitutions dramatiques, pour cet hommage vibrant au Louvre. Il y a du Godard et du Chris Marker dans ce collage impressionniste, assorti d'une méditation fascinante et très personnelle sur les rapports entre l'art, la politique et l'histoire. Narrant dans sa langue natale cet essai d'une grande liberté formelle, Sokourov interrompt à l'occasion son récit pour correspondre via Internet avec un capitaine qui combat une tempête, alors que son navire transporte de précieuses oeuvres d'art. Une métaphore puissante, intemporelle, qui compense pour les apparitions un peu faciles, à la limite de la caricature, de Napoléon et Marianne dans les salons et allées du Louvre. En revanche, les deux hauts fonctionnaires ennemis, qui mériteraient le titre de héros de guerre, sont campés avec dignité et sobriété par Louis-Do de Lencquesaing et Benjamin Utzerath.

Texte : Louis-Paul Rioux