L’AVIS DE MEDIAFILM

Cette adaptation d'une pièce de Tracy Letts (BUGS, KILLER JOE), récipiendaire du prix Pulitzer, donne à Meryl Streep l'occasion de faire vibrer toutes les fibres de son talent dans un rôle de semeuse de tempête, taillé sur mesure pour elle. Sournoise, mielleuse ou toutes griffes dehors, la matriarche assassine et assassinée dicte le ton tragi-comique de cette méditation sur l'aliénation familiale et les espoirs déçus, qui ne va pas sans rappeler le théâtre d'Eugene O'Neill (LONG DAY'S JOURNEY INTO NIGHT) et d'Edward Albee (WHO'S AFRAID OF VIRGINIA WOOLF?). Réduisant l'action à deux heures (contre trois à la scène), John Wells (THE COMPANY MEN) concentre les jus et actionne les leviers à bonne vitesse. Mais sa mise en scène est trop timide, peu expressive, de sorte que le texte, très fort et parfois vitriolique, semble flotter sans guide. En revanche, la direction d'acteurs impeccable donne à chacun l'occasion de briller, à l'avant-plan d'abord (Julia Roberts, Julianne Nicholson), mais aussi à l'arrière, où dans les rôles de l'oncle et de la tante, Chris Cooper et Margo Martindale forment un savoureux tandem.

Texte : Martin Bilodeau