L’AVIS DE MEDIAFILM

«Il ne s'agit pas d'un film de kung-fu, mais d'un film sur le kung-fu», déclarait Wong Kar-wai lors de la première mondiale à Berlin de cette épopée historique à l'ostentation contrôlée. Le réalisateur d'IN THE MOOD FOR LOVE a faufilé une intrigue sentimentale un peu mince à ce bréviaire sur les diverses écoles de pensée qui composent l'univers des arts martiaux. Résultat: un copieux chow mein qui, au-delà de ses qualités gustatives, fleure bon le procédé (l'art graphique du cinéaste perd de sa fraîcheur) et le cinéma dit officiel. En revanche, le film, généreux en hyperboles et en ellipses, filmé par deux opérateurs qui tournaient à des vitesses différentes (produisant à l'écran des ralentis subliminaux formidables), réserve plusieurs instants de grâce. La scène du combat virevoltant opposant Zhang Ziyi et son rival Zhang Jin, sur un quai de gare, alors qu'un train d'une longueur infinie accélère sa course, est un cadeau de cinéma qui nous laisse le souffle coupé. Il en va de même pour la performance nuancée et retenue de l'acteur fétiche du cinéaste, Tony Leung Chiu-Wai.

Texte : Martin Bilodeau