L’AVIS DE MEDIAFILM

Passé derrière la caméra sur les encouragements de son ami Christopher Nolan (INCEPTION, THE DARK KNIGHT RISES), Joseph Gordon-Levitt s'est inspiré du célèbre libertin de Séville pour questionner le rapport de l'homme contemporain au sexe, aux femmes, à l'idée de conquête. Sa variation sur le thème prend ici la forme d'une sorte de SHAME pour les nuls, qui déballe trop tôt toutes ses surprises pour ensuite enchaîner les développements convenus à la manière d'une sitcom. La peinture de milieu ne manque pas de piquant, et le rapport à l'Église du héros débouche sur plusieurs instants comiques. Mais Gordon-Levitt multiplie les explications et les dialogues psychologisants, de façon à équarrir tous les angles. Au plan formel, on retient surtout l'habileté du montage à la mitraille, qui fait en partie oublier le traitement plutôt ostentatoire de l'image. Dans des rôles gentiment caricaturaux, le cinéaste et sa partenaire Scarlett Johansson se débrouillent bien. Mais c'est Julianne Moore, dans un rôle en creux, qui apporte au film ses plus beaux moments d'humanité.

Texte : Martin Bilodeau