Fr. 2010. Drame de Gaspar Noé avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Cyril Roy. L'âme d'un jeune dealer anglais abattu dans un bar de Tokyo se détache de son corps et entreprend un mystérieux voyage vers la réincarnation. Récit provocateur, cru et poétique, basé sur le "Livre des morts tibétains". Longueurs et redondances. Hallucinante virtuosité technique. Interprétation dans le ton. (sortie en salle: 26 novembre 2010)
L'âme d'un jeune dealer anglais abattu dans un bar de Tokyo se détache de son corps et entreprend un mystérieux voyage vers la réincarnation. Récit provocateur, cru et poétique, basé sur le "Livre des morts tibétains". Longueurs et redondances. Hallucinante virtuosité technique. Interprétation dans le ton. (sortie en salle: 26 novembre 2010)
Poussant à l'extrême les possibilités de la caméra subjective, Gaspar Noé signe un fascinant film-cerveau, sorte de version "trash" et très XXIe siècle des recherches formelles du Alain Resnais de JE T'AIME, JE T'AIME et PROVIDENCE. L'hallucinante virtuosité technique du réalisateur d'IRRÉVERSIBLE donne lieu à de nombreux moments forts sur les plans visuel et dramatique, filmés dans les recoins les plus malfamés de Tokyo et, pour certaines séquences de flashback, dans un Montréal méconnaissable. Cependant, le récit, tour à tour provocateur, cru et tendrement poétique, frôle parfois le mélo et apparaît par moments d'une étonnante naïveté. Mais surtout, en décidant d'aller au bout de sa démarche stylistique et de son propos métaphysique, Noé se fait volontairement redondant, au risque de perdre le spectateur dans le dernier tiers du film, qui s'éternise. L'interprétation n'est toutefois pas en cause. Dans le rôle d'Oscar, Nathaniel Brown, aperçu brièvement dans un miroir, adopte le ton neutre requis; dans celui de sa soeur, Paz de la Huerta (THE LIMITS OF CONTROL) est à fleur de peau; et dans celui du volubile Alex, Cyril Roy s'avère fort attachant.
Texte : Louis-Paul Rioux