L’AVIS DE MEDIAFILM

Après TRAIN DE VIE et VAS, VIS ET DEVIENS, Radu Mihaileanu propose un nouveau récit d'imposture, qui serait en partie inspiré de faits réels. Le scénario bigarré empile les enjeux dramatiques: humains, politiques, musicaux et sociaux, avec une belle fluidité. Cependant, l'inspiration comique se révèle inégale, les clichés sur les idiosyncrasies des Juifs et des gitans donnant lieu à des vignettes trop caricaturales. En revanche, le film ménage de beaux moments d'émotion, le plus souvent générés par une utilisation brillante de la musique de Tchaikovski. La mise en scène s'avère souple et vivante, léchée lors des scènes de concert, animée et vigoureuse lors des cacophoniques séquences dans les rues de Paris. L'interprétation est pour sa part très sentie. En maestro déchu sur le point de prendre une revanche sur son destin, Alexeï Guskov passe avec aisance de la loufoquerie à la gravité. Valeri Barinov est truculent dans le rôle d'un militant communiste anachronique à l'accent français impayable. Enfin, Mélanie Laurent joue avec sobriété et intériorité une partition spécialement écrite pour elle par le réalisateur.

Texte : Louis-Paul Rioux