Fr. 2008. Drame psychologique de Rithy Panh avec Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Astrid Berges-Frisbey. En 1931, en Indochine, une veuve française et ses deux enfants tentent de survivre sur une terre incultivable achetée à des fonctionnaires corrompus. Adaptation fidèle et personnelle du roman autobiographique de Marguerite Duras. Dénonciation sentie des exactions du système colonial. Manque d'élan dramatique. Réalisation un peu trop appliquée. Interprétation satisfaisante. (sortie en salle: 15 mai 2009)
En 1931, en Indochine, une veuve française et ses deux enfants tentent de survivre sur une terre incultivable achetée à des fonctionnaires corrompus. Adaptation fidèle et personnelle du roman autobiographique de Marguerite Duras. Dénonciation sentie des exactions du système colonial. Manque d'élan dramatique. Réalisation un peu trop appliquée. Interprétation satisfaisante. (sortie en salle: 15 mai 2009)
Moins spectaculaire que celle réalisée en 1957 par René Clément, la présente adaptation du roman autobiographique de Marguerite Duras s'avère en revanche plus fidèle et personnelle. De fait, tout en conservant la trame du récit original - dans lequel la construction du barrage n'était toutefois pas un enjeu dramatique - le Cambodgien Rithy Panh (LES GENS DE LA RIZIÈRE, S21 - LA MACHINE DE GUERRE KHMÈRE ROUGE) met en évidence avec vigueur la révolte du peuple exploité par une autorité coloniale inique et raciste, un aspect qui n'était que suggéré dans le roman. Le fait qu'il ait tourné sur les lieux mêmes où a grandi la célèbre écrivaine ajoute à l'authenticité de l'entreprise. Reste que le récit manque d'élan dramatique et de rythme, tandis que la mise en scène, bien que soignée et souvent subtile, apparaît un peu trop appliquée. L'interprétation est en revanche satisfaisante. Il faut cependant faire abstraction du fait qu'Isabelle Huppert, excellente comme toujours, n'a aucunement le physique de la mère flétrie et à moitié folle dépeinte par Duras.
Texte : Louis-Paul Rioux
Manon Dumais - Voir
Incarnée avec ferveur par Isabelle Huppert, la mère apparaît chez Rithy Panh plus apaisée mais tout aussi combative. Hélas, à ses côtés, Gaspard Ulliel expose fièrement ses muscles (...). Quant à la réalisation de Rithy Panh, qui souligne discrètement l'humiliation faite à son peuple (...), elle se révèle figée sous le poids des mots de Duras.
Louis Guichard - Télérama
Le réalisateur cambodgien Rithy Panh (...) signe (...) un film modeste, hétéroclite, très peu industriel (...). Pas d'exotisme clinquant, de grand spectacle ni même de suspense, alors que le récit s'y prête. (...) Isabelle Huppert (...) cultive (...) un jeu «durassien», trop, parfois, mais qui peut aussi faire merveille.
Pascal Mérigeau - Le Nouvel Observateur
UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE (...) est une très belle adaptation du livre de Marguerite Duras. Mais Rithy Panh a aussi tout pensé, tout prévu, tout préparé pour que le film enregistre et restitue les vibrations secrètes, intimes, mystérieuses, de cette «terre des âmes errantes» qui est la sienne et celle de ceux qu'il aime.
Dominique Widemann - L'Humanité
Rithy Panh (...) opte ici pour une forme classique qui laisse place à l’ambition du fond. (...) le film repose beaucoup sur les exceptionnelles qualités d’Isabelle Huppert. On s’incline une fois de plus devant le mystère de cet équilibre entre travail rigoureux et vertigineuse intuition.
François-Guillaume Lorrain - Le Point
Il fallait une actrice de l'envergure et de la subtilité d'Huppert pour rendre compte des contradictions d'une femme tour à tour résignée et combative, d'une mère nourricière qui n'hésite pas à mettre en danger ses rejetons. Rithy Panh ne la juge pas, il adapte sobrement ce roman qui avait fait connaître Duras en 1950.