É.-U. 2007. Drame psychologique de avec Gabe Nevins, Dan Liu, Jake Miller. Ayant causé accidentellement la mort d'un gardien de sécurité, un adolescent de Portland décide de garder le silence. Fascinante incursion dans l'univers adolescent. Récit habile et complexe cousu d'ellipses et de flash-backs. Forme audacieuse, déroutante et libre, misant sur l'expérimentation. Habillage sonore remarquable. Excellente direction d'acteurs. (sortie en salle: 7 mars 2008)
Ayant causé accidentellement la mort d'un gardien de sécurité, un adolescent de Portland décide de garder le silence. Fascinante incursion dans l'univers adolescent. Récit habile et complexe cousu d'ellipses et de flash-backs. Forme audacieuse, déroutante et libre, misant sur l'expérimentation. Habillage sonore remarquable. Excellente direction d'acteurs. (sortie en salle: 7 mars 2008)
Gus Van Sant poursuit dans PARANOID PARK une démarche artistique audacieuse, exigeante et libre, tournée vers la jeunesse, axée sur le trouble intérieur, dont ELEPHANT demeure à ce jour le sommet. L'intrigue policière, extraite du roman de Blake Nelson, est faufilée de façon quasi subliminale dans une sorte de portrait en vacuum des moeurs adolescentes, dont le jeune héros, fort bien défendu par Gabe Nevins, est à la fois un exemple emblématique et singulier. La narration reproduit éloquemment, par ses ellipses et ses allers-retours dans le temps, le va et vient des planchistes dans les escarpements lisses du parc de béton. Les images triturées, tantôt captées par une caméra 35mm, tantôt par un appareil Super 8, puis enveloppées dans un superbe environnement sonore, donnent à l'ensemble les allures d'un film expérimental dans lequel le temps, le lieu, le sujet et la forme s'emboîtent miraculeusement.
Texte : Martin Bilodeau
Normand Provencher - Le Soleil
Avec une économie de moyens (...), Van Sant brosse le portrait d’un adolescent qui peine à s’ouvrir à son entourage,(...) Images en super 8 et 35 mm, longs plans-séquences, jeux d’ombre, ralentis, cadrages, effets sonores qui mélangent bruits divers, folk et hip-hop, autant d’effets de style qui confèrent au film une ambiance poétique (...) surprenante.
Martin Bilodeau - Le Devoir
La mise en scène de Van Sant, comme toujours d'une grande éloquence, met en évidence la distance entre l'adolescent, dans le cadre, serré, et l'adulte, hors foyer, au loin. Il en résulte un puissant sentiment de claustrophobie et d'isolement. (...) À l'image, Van Sant fait parler une sorte de désarroi, évoqué par le ballant de la caméra numérique.
Jean-Marc Lalanne - Les Inrockuptibles
La matière sonore du film est d'une complexité d'architecture incroyables: l'accès à l'intériorité d'Alex ne passe pas par des mots, mais par des sons. La musique et les complexes effets de bruitage valent pour seule immersion dans ses méandres intimes. Van Sant filme un étau desserré, où la culpabilité se fait lâche, parce que toute forme d'ordre défaille.
Philippe Azoury - Libération
PARANOID PARK est un film dominé par la peur et conduit par une volonté de la dépasser. Peur presque érotique vis-à-vis des endroits réputés dangereux (...). Le film, tout au long de sa construction explosée (...), va étudier le cas Alex : comment un gosse peut plier sous le poids de quelque chose ou faire face. Comme son personnage, torturé, insouciant, éternellement jeune, (...) Van Sant skate où il veut.
Christine Haas - Paris Match
L'errance, la solitude, le mutisme sont les obsessions de ce cinéaste de la sensation, qui s'attache à la grâce adolescente par le mouvement des corps. Gus Van Sant construit un labyrinthe qui ne mène nulle part, avec parfois la pose esthétisante du cinéma de Wong Kar-Waï (...). Mais la douceur vénéneuse de son cinéma en suspension est d'une poésie déchirante.
Olivier de Bruyn - Première
Avec PARANOID PARK, Gus Van Sant ajoute (...) une pierre de choix à son édifice esthétique perso: filmer un certain état de l'adolescence américaine aux prises avec un monde adulte étranger et hostile. L'attention prêtée aux mouvements des corps, à leur inscription dans l'espace urbain relève à la fois d'un extrême réalisme et d'une abstraction radicale.
Louis Guichard - Télérama
Le sujet du film n'est pas la culpabilité du héros, mais sa distance au monde réel. Ce déplacement fait de PARANOID PARK un film vertigineux, sous ses dehors cool et planants. (...) Une bulle de beauté, à l'abri de tout. Aujourd'hui, Gus Van Sant met en quelque sorte cette fuite contemplative en question avec un portrait d'ado ayant perdu ses repères dans un bel univers de substitution.