L’AVIS DE MEDIAFILM

Partant de données géopolitiques d'une actualité brûlante, évoquées en accéléré dans la remarquable séquence prégénérique, THE KINGDOM n'est ultimement qu'un thriller hollywoodien standard, dans lequel les auteurs dénoncent de manière ambiguë la soif de vengeance qui anime l'un et l'autre camp. Farci d'incohérences et puant d'impérialisme (menée par des Arabes tortionnaires ou incapables, l'enquête se met soudainement à avancer grâce aux providentiels talents des agents yankees), le récit abandonne vite ses vélléités politiques pour privilégier les poursuites et fusillades d'usage. Par ailleurs, si certains passages s'avèrent saisissants et spectaculaires (au premier chef l'attentat-suicide du début), la réalisation nerveuse de Peter Berg (FRIDAY NIGHT LIGHTS) abuse de la caméra à l'épaule instable et du montage frénétique, au point de rendre confus des développements pourtant cruciaux. En revanche, l'interprétation est solide, avec une mention pour le jeu sobre et efficace d'Ashraf Barhoum, remarqué précédemment dans PARADISE NOW.

Texte : Louis-Paul Rioux