Fr. 2006. Comédie dramatique de Xavier Giannoli avec Gérard Depardieu, Cécile de France, Mathieu Amalric. Un chanteur de bal quinquagénaire tente de conquérir une jeune agente immobilière à la croisée des chemins. Intrigue sentimentale attachante, spirituelle et finement développée. Personnages riches et bien définis. Quelques fausses notes. Réalisation économe au rythme soutenu. Formidable duo d'acteurs. (sortie en salle: 20 avril 2007)
Un chanteur de bal quinquagénaire tente de conquérir une jeune agente immobilière à la croisée des chemins. Intrigue sentimentale attachante, spirituelle et finement développée. Personnages riches et bien définis. Quelques fausses notes. Réalisation économe au rythme soutenu. Formidable duo d'acteurs. (sortie en salle: 20 avril 2007)
Tous les artistes ne visent pas la gloire. C'est le cas d'Alain Moreau, défendu ici par un Gérard Depardieu au sommet de son art. Conçu pour sa personnalité immense, le film a eu sur sa carrière l'effet d'un sobre et digne ravalement de façade. Ce troisième long métrage de Xavier Giannoli (après LES CORPS IMPATIENTS et UNE AVENTURE, inédits au Québec) se concentre sur un très délicat pas de deux au gré d'une intrigue sentimentale attachante, spirituelle et finement développée, dont les personnages riches et bien définis (jusque dans ceux à l'arrière-plan) rendent toutes les nuances. Dommage toutefois que certaines incohérences ou mystères inutiles viennent brouiller la surface de cette oeuvre autrement réalisée avec soin et économie. De fait, on retrouve dans le traitement la même humilité et le même goût des choses simples que ceux qui animent son «héros». C'est tout à l'honneur de Giannoli, et à celui de l'excellente Cécile de France, d'avoir ajusté leur tir à celui de cet acteur immense, qu'on n'avait jamais connu si beau et fragile.
Texte : Martin Bilodeau
Vincent Adatte - L'Express (Suisse)
À la manière du Truffaut de LA FEMME D'À CÔTÉ (1981), le réalisateur des CORPS IMPATIENTS (2003) s'ingénie à faire échec au programme de son scénario. Par petites touches, il réussit à faire «sortir» chaque scène de son cours prévisible. Ce n'est pas très spectaculaire, car Giannoli s'entête à repartir à chaque fois de zéro, mais cet entêtement à «décaler» finit par en devenir fascinant. Que Depardieu se prête à ce jeu risqué ajoute encore au trouble du spectateur. Acteur à la carrière chaotique, capable du pire (souvent) comme du meilleur (de plus en plus rarement), il donne à son interprétation un enjeu considérable, comme s'il jouait dans tous les plans du film sa capacité à se renouveler.
Kirk Honeycutt - The Hollywood Reporter
One gets so used to Gerard Depardieu's fine performances in film after film that one almost takes him for granted. Then comes along QUAND J'ÉTAIS CHANTEUR, in which he rattles your senses with a performance so simple and understated that you realize all over again what a profoundly brilliant and charismatic actor he is. Playing a dance hall singer who knows he will never be great but has settled for the work itself and the respect of his audience, Depardieu paints an indelible portrait of a man who has a deep connection to his music. His songs are like Shakespearian soliloquies that project his emotions into the world. The film itself is a conventional story about this singer (...) and a beautiful young woman (...) under whose spell he falls. Writer-director Xavier Giannoli stretches a very simple story to a greater length than it perhaps warrants. Nevertheless Depardieu carries you along so smoothly no one is likely to mind.
Marie-Noëlle Tranchant - Le Figaro Scope
Quel joli chemin on fait avec eux, semé de chansons faciles et d’émotions subtiles, de secrets, de regrets, de petites choses banales et profondes qui finissent par faire une acceptation généreuse de la vie. Xavier Giannoli peint des personnages extrêmement justes et attachants, interprétés avec une grâce éblouissante. Cécile de France, farouche et furieuse, toutes griffes dehors, pleine de larmes rentrées, a l’involontaire arrogance de la jeunesse. Pour elle, Alain semble d’abord un type un peu ringard dans un monde un peu désuet. Mais avec elle, on découvre un homme sincère et sensible, qui aime passionnément son métier de « faire danser les gens » et le fait avec un talent, une modestie et une délicatesse inestimables. Gérard Depardieu a retrouvé tout son génie pour transmettre le charme profond de ce chanteur de bals populaires et de son univers provincial, loin des modes, de l’ambition, du succès médiatique. La mise en scène de Xavier Giannoli est d’une rigueur et d’un raffinement remarquables, et pourtant son film reste simple comme une chanson, qui vous entre dans le coeur et qui vous revient sur les lèvres, douce, triste, joyeuse, indéfinissable et inoubliable.
Derek Elley - Variety
(...) writer-director Xavier Giannoli, and his whole cast, play it straight and with an evident affection for their characters. The expected clichés never surface: Alain is neither a self-pitying alcoholic nor a grandstanding smoothie, and Marion neither an easy pushover nor a traumatized youngster. As he continues to meet her, on the excuse of viewing a new property to buy, Giannoli's script paints a beautifully nuanced portrait of two people reaching out for something neither fully comprehends. Both Depardieu and 30-year-old, Belgian-born de France (...) show new smarts here. (...) The emotional fluidity between all the characters is one of the pic's joys, and even by the end there's no sense that this is the end of the story. Tech package is clean and smooth, with Alexandre Desplat's chordal score evoking a spiritual dimension between the chansons that adds further depth to the simple yarn. Running time, like the emotions on display, never feels stretched.
Dominique Widemann - L'Humanité
Le premier talent de Xavier Giannoli et de ses deux comédiens réside dans la justesse des portraits dressés, qui échappent aux archétypes malgré les accessoires embarqués et la documentation fine qui dessine l’arrière-plan sociologique. Un homme et une femme aux pôles opposés vont se croiser dans le tourbillon de la vie, s’aimanter et se repousser, plus si affinités. (...) Gérard Depardieu investit son Alain d’une bonne mesure de dignité, créant un personnage qui ne se la raconte pas, aussi dénué d’aigreur que de cynisme, qualité essentielle de qui séduit à long terme. «Un ringard, finalement, c’est quelqu’un qui dure», profère Alain, dans un double hommage à ces musiciens de balloche qui rythment plus que l’on croit la marche du monde et aux vérités profondes de nos émotions quand une chanson frissonne.
Antoine Rochat - Ciné-Feuilles
Sans qu'on puisse crier au chef-d'œuvre, le film de Xavier Giannoli est une bonne surprise. D'abord parce qu'on y retrouve un Depardieu au meilleur de son talent d'acteur, ensuite parce que la finesse d'observation est au rendez-vous et que le film sonne juste. QUAND J'ÉTAIS CHANTEUR nage heureusement à contre-courant de la banalité d'une certaine production française actuelle. (...) Le personnage (de) cet homme qui "aime à faire plaisir aux gens et les faire danser", Depardieu l'investit de toute sa sensibilité retenue, de son talent retrouvé. On découvre ici une discrétion de jeu peu habituelle chez ce comédien devenu au fil des ans un "monstre sacré", une super-star souvent envahissante. (...) Les dialogues et la mise en scène - assez froide parfois, distante mais efficace - sont en adéquation avec le propos.