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Le Caïman (Il Caimano)

It. 2006. Comédie dramatique de Nanni Moretti avec Silvio Orlando, Margherita Buy, Jasmine Trinca. Un producteur endetté et en instance de divorce s'efforce de monter le projet d'une jeune réalisatrice, un film satirique fortement inspiré de la vie de Silvio Berlusconi. Scénario touffu, qui entremêle avec intelligence drame domestique, hommage au cinéma italien et attaque frontale contre le président alors au pouvoir. Réalisation pleine d'aisance. Interprétation tantôt sensible, tantôt outrée. (sortie en salle: 23 mars 2007)

13 ans +
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Le Caïman (Il Caimano)

13 ans + 13 ans +

It. 2006. Comédie dramatique de Nanni Moretti avec Silvio Orlando, Margherita Buy, Jasmine Trinca.

Un producteur endetté et en instance de divorce s'efforce de monter le projet d'une jeune réalisatrice, un film satirique fortement inspiré de la vie de Silvio Berlusconi. Scénario touffu, qui entremêle avec intelligence drame domestique, hommage au cinéma italien et attaque frontale contre le président alors au pouvoir. Réalisation pleine d'aisance. Interprétation tantôt sensible, tantôt outrée. (sortie en salle: 23 mars 2007)

Bruno Bonomo, producteur de séries Z, n'a rien tourné depuis dix ans. Alors qu'il s'apprête à divorcer d'une actrice dont il a exploité les charmes dans ses propres films, une jeune réalisatrice, Teresa, lui remet un scénario intitulé «Le Caïman». Après l'avoir survolé distraitement, il accepte d'en assurer la production, croyant qu'il s'agit d'un film d'action sur un homme d'affaires retors qui a fait fortune dans l'immobilier. Mais peu après, Teresa lui fait comprendre que son film est en réalité une charge féroce contre le président italien Silvio Berlusconi. D'abord décontenancé, Bruno accepte tout de même d'aller de l'avant, pressentant que ce projet pourrait le sauver de la faillite. Mais la réalisation du «Caïman» ne se fera pas sans heurts.

L’AVIS DE MEDIAFILM

Après le poignant LA CHAMBRE DU FILS, Nanni Moretti revient à ses anciennes amours: la comédie sardonique, vaguement autobiographique, aux fortes résonances politiques (JE SUIS UN AUTARCIQUE, PALOMBELLA ROSSA). Cette fois cependant, son alter ego est défendu à l'écran par Silvio Orlando (LE PORTEUR DE SERVIETTES), Moretti s'étant néanmoins réservé un petit rôle. Grâce à une mise en scène pleine d'aisance, le cinéaste entremêle avec souplesse et intelligence drame domestique, hommage au cinéma italien et charge frontale contre Berlusconi. Ainsi, le film débute avec une désopilante parodie de série Z marxiste, et culmine sur la plaidoirie de l'homme d'État corrompu, que Moretti dénonce avec virulence dans une scène d'une grande force dramatique évoquant MAIN BASSE SUR LA VILLE de Francesco Rosi. Au sein d'une très solide distribution, Orlando livre une prestation sensible, assez attachante, exception faite des scènes où l'hystérie se met de la partie.

Texte : Louis-Paul Rioux

Revue de presse

Charge politique contre Berlusconi

Moretti a su éviter la caricature et a gommé intelligemment le côté folklorique d'un Silvio Berlusconi dont il privilégie avant tout les propos. Des propos qui ne sont guère rassurants d'ailleurs: Berlusconi (Nanni Moretti), condamné dans la dernière séquence du film à sept ans de réclusion pour corruption, invite ouvertement ses concitoyens à se rebeller contre les juges "injustes". Cette scène amère de politique-fiction, cette charge ultime contre la magistrature, se réfère à des propos tenus à la TV par l'ancien chef du gouvernement et enregistrés il y a trois ans. (...) Oeuvre militante qui s'inscrit dans la droite ligne de l'action politique définie par Moretti depuis plusieurs années, LE CAÏMAN est un film subtil et efficace, plein de dialogues percutants, souvent ironiques ou sarcastiques. Et l'autocritique de la gauche italienne ou de l'Italie n'est pas oubliée non plus, Moretti faisant dire à l'un de ses personnages (un producteur polonais): "Vous êtes un peuple à mi-chemin de l'horreur et du folklore. Quand vous avez touché le fond, vous continuez à creuser, à creuser..."
Caïman, Le Nanni Moretti

Ambitious Mix of Movie Satire, Political Polemic and Personal Drama

An overly-ambitious mix of movie satire, political polemic and personal drama, THE CAÏMAN is strongest when it is least on its political soap box. Stripped of its thematic excesses, it's a bracing comedy about one desperate producer's attempt to revive his family life. (...) Swirling his story through a film-in-a-film orbit, filmmaker Nanni Moretti mixes political satire with the crazy movement of the film world: An actor wants to make Berlusconi more dashing and powerful; a set designer wants to make his world more noble and tasteful - in essence, the focus is quickly shifted from the sour screenplay to a high-speech soap. Unfortunately, the Berlusconi sections are a contradictory tonal swirl, movie satire meshed with equally superficial political editorializing. (...) Under Moretti's deft hand, the performances are consistently lively and credible. In addition to Silvio Orlando's heady performance, Margherita Buy is winningly sympathetic as his change-of-heart wife. Technical contributions are distinguished by production designer Giancarlo Basili's keen eye for the telling character stitches in both Bruno's loving home and his ragtag office.
Caïman, Le Nanni Moretti

Au Pays des trahisons

En 1981, Nanni Moretti présentait pour la première fois un film à Cannes, SOGNI D'ORO, portrait d’un cinéaste - déjà - sans cesse alpagué par un personnage qui l’accusait d’intellectualisme. C’était cocasse et bon enfant, presque naïf. Avec LE CAÏMAN, il n’y a plus l’innocence: Moretti attaque de front Berlusconi, devenu président du Conseil, après une irrésistible ascension dans les médias et la finance. D’habitude, Moretti croquait ironiquement les gens de son bord. Là, il dénonce l’ennemi. Mais il ne faudrait pas réduire LE CAÏMAN à sa partie polémique. Nanni sait parfaitement mêler le privé au politique, le rire à la mélancolie. Le portrait de son cinéaste, trahi de partout, abandonné par sa femme, est émouvant, tout comme la façon dont il parle du cinéma - avec une scène de nuit presque fellinienne, au cours de laquelle une caravelle gît sur la plage. Film patchwork, complexe, portrait d’un homme et dénonciation d’un autre, il indique en tout cas que, en Italie, l’humeur n’est pas au beau fixe.
Caïman, Le Nanni Moretti

Between Entertaining Comedy and Electrifying Critique

Named after a South American alligator but used here to refer to Italy's controversial prime minister, helmer Nanni Moretti's long-awaited THE CAIMAN combines entertaining comedy with an electrifying critique of Silvio Berlusconi. However, the multi-layered script is often disjointed and struggles to interweave the personal and political sides of Moretti's cinematic projections, resulting in a film that's by turns funny, sublime, frustrating and rousing. (...) (Silvio) Orlando brings nuance to the main role, as well as several comic high notes in which he acts out Bruno's emotional immaturity. (...) Story returns to its political concerns in a stirring closing scene, with Berlusconi now played by Moretti, in a chilling, cold-blooded perf. Emotions are heightened by a full-blooded score from composer Franco Piersanti and Arnaldo Catinari's controlled but never banal lighting.
Caïman, Le Nanni Moretti

Un Film caïman parfait

(...) Moretti, pour fuir le piège dans lequel presque n’importe qui serait tombé, l’énonce. Cela ne sert à rien de consacrer un film à Berlusconi puisque tout le monde sait qui il est et que je m’adresse à des convaincus d’avance, je le dis et, néanmoins, je le réalise. C’est d’une grande intelligence. Ce faisant, Moretti s’inscrit comme le continuateur du meilleur du cinéma politique italien des années soixante (...). Comme il se doit, Moretti s’est confié le rôle du Caïman (enfin d’un des trois Caïman, la chose est complexe), tel Chaplin se réservant l’emploi de Hitler dans LE DICTATEUR. On retrouve fugitivement par ce biais l’inévitable scène de piscine ou le goût affirmé pour le foot et le volley. Mais cela n’est qu’effet de signature dans une démarche plus vaste. Car, au-delà de la charge au vitriol, cautionnée par l’utilisation de plans d’archives du vrai Berlusconi, au-delà de tout ce qu’on ne sait pas forcément sur le personnage aussi bien à l’étranger qu’en Italie, il y a ici un magnifique appel à la dignité. La mise en production du CAÏMAN va finalement permettre à Bruno Bonomo, ce bon homme, engagé pour de mauvaises raisons, de renaître moralement. Pour être intéressant (réussi est une autre discussion), un film doit nous parler de l’homme, de la société ou du cinéma. Nanni Moretti parvient en un seul film à traiter magnifiquement des trois.
Caïman, Le Nanni Moretti

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