Fr. 2006. Drame de Bruno Dumont avec Samuel Boidin, Adélaïde Leroux, Henri Cretel. Deux hommes du Nord de la France, qui partagent la même maîtresse, sont envoyés à la guerre dans un pays lointain. Récit épuré, d'une grande puissance dramatique. Vision quasi abstraite de la guerre, et peu glorieuse de la nature humaine. Style d'un naturalisme austère. Acteurs non professionnels s'accordant au ton particulier de l'oeuvre. (sortie en salle: 11 mai 2007)
Deux hommes du Nord de la France, qui partagent la même maîtresse, sont envoyés à la guerre dans un pays lointain. Récit épuré, d'une grande puissance dramatique. Vision quasi abstraite de la guerre, et peu glorieuse de la nature humaine. Style d'un naturalisme austère. Acteurs non professionnels s'accordant au ton particulier de l'oeuvre. (sortie en salle: 11 mai 2007)
Après une parenthèse américaine (le dérangeant TWENTYNINE PALMS, inédit au Québec), Bruno Dumont revient dans son territoire de prédilection, le nord de la France morne et gris, auquel il oppose cette fois les déserts ensoleillés d'un pays arabe non identifié. Cette imprécision délibérée lui permet du reste de livrer, au sein d'un récit épuré et avare de dialogues, une vision quasi abstraite de la guerre, où se donne libre cours la bestialité répugnante d'une humanité stérile, décervelée, en perte de repères moraux. Pourtant, une note d'espoir surgit dans une ultime scène, fort émouvante, entre la jeune fille désemparée et son amant transformé par ses éprouvantes expériences au front. Moins long et plus accessible que LA VIE DE JÉSUS et L'HUMANITÉ, FLANDRES demeure néanmoins fidèle au naturalisme austère de Dumont. Cela dit, les scènes de guerre sont filmées avec une saisissante vigueur, malgré le manque évident de moyens financiers. Les interprètes, une fois de plus non professionnels, s'accordent au ton particulier de cette oeuvre exigeante.
Texte : Louis-Paul Rioux
Michaël Augendre - Ici
Cinéaste du nord de la France, (Bruno Dumont) revient filmer ce plat pays qu’il capture en longs plans fascinants. (...) D’abord, (il) filme magnifiquement, autant la campagne du Nord que le désert. Ensuite, il laisse sa caméra plantée pour aussi bien saisir l’abstraction que la réalité suintant la mort. Il capte la monstruosité des (non) sentiments avec la froideur d’un sage. FLANDRES est finalement une œuvre inclassable qui pourra fasciner comme effrayer ou agacer...
Kirk Honeycutt - The Hollywood Reporter
Pretentious to the core and lacking any context or credible characterizations, FLANDRES juxtaposes bucolic scenes of life in a farm community, featuring a clutch of dim-witted rustics, with scenes of utter barbarity in an unspecified war. The point may have something to do with what constitutes manhood or absence making the heart grow fonder or perhaps how war deforms character. Who know? What the film affords is a chance to watch inexpressive characters stumble though scenes of sex and violence, plunging into both activities without much thought or concern for consequences. The only expression of genuine desire comes with the film's final line.
Émile Breton - L'Humanité
De retour au pays après une échappée californienne (...), il ne se contente plus, avec FLANDRES, de mettre le doigt sur la plaie. Il racle jusqu’à l’os. Où ça fait mal. Même amour du pays et des gens, même façon de filmer, corps lourds qui s’étreignent, terres grasses crevant sous le soc, mais le village, la vie en société ou ce qui en reste ne sont plus. On est dans une Flandre paysanne réduite à l’essentiel (...). Et dans un temps, aussi, celui d’une guerre coloniale arrachant les jeunes au pays (...). Ce pourrait être une épure, un film en quelque sorte abstrait sur le mal à vivre et à aimer, sur l’apprentissage de la violence. C’est tout le contraire. Rien de plus concret: tout est inventé de cette histoire et tout est précisément décrit. Un réalisme reconstruit.
Jérôme Delgado - Voir
La trame, subtilement narrative, est mince mais éloquente. Une histoire d'amour peu classique flotte au-dessus de ces Flandres de laquelle sort vainqueur le moins beau des princes. Et la tendresse met le point final à ce récit jusque-là distant et glacial. Comme quoi, même dans les plus sombres univers, il y a de l'espoir. FLANDRES est peut-être le film le moins coup-de-poing de Dumont - on finit par s'habituer à sa lenteur, à ses silences et à son langage cru.
Frédéric Strauss - Télérama
Sans rien renier des partis pris qui distinguent son cinéma depuis LA VIE DE JÉSUS (1997), Bruno Dumont donne à la fois une ampleur et une simplicité nouvelles à sa vision d’une humanité toujours dans l’épreuve. Son film est traversé par une sensibilité tenue, retenue, mais finalement bouleversante.
Deborah Young - Variety
Putting the embarrassment of TWENTYNINES PALMS behind him, Bruno Dumont returns to the form his admirers love in FLANDRES, a somber, beautifully acted reflection on the barbarity of war and the bestiality of man, which only enormous compassion can redeem. Having staked out his moral ground in LA VIE DE JÉSUS and L'HUMANITÉ, Dumont continues to divide critics and the public with his unorthodox stringing of provocative, highly charged scenes together until they climax in a critical mass.
Philippe Azoury - Libération
FLANDRES, du haut de son impressionnante heure et demie, et du malaise qui s'en dégageait, ne donnait jamais le signe de vouloir être aimé. À la séduction, il préférait la confrontation, la violence implacable, surtendue. D'aucuns ont parlé alors de provocation. Mais FLANDRES, par là, nous faisait du bien. En même temps, bien sûr, il ne pouvait que diviser intérieurement: impossible d'être entièrement avec le film, mais aussi impossible d'en sortir, sinon en morceaux. Stylistiquement, Dumont n'a jamais été aussi solide, aussi maître (en 35 mm, partie Flandres glacées, comme en 16 mm, partie guerre brûlante). Mais cette puissance dans le trait ne travaille qu'à approfondir un doute général: l'homme comme grand embourbé.