L’AVIS DE MEDIAFILM

Évocation du destin tragique du musicien Kurt Cobain, LAST DAYS s'inspire d'un «fait divers» célèbre qui continue d'alimenter la rumeur. Les circonstances entourant le suicide en 1994 du leader du groupe Nirvana demeurent à ce jour nébuleuses. Aiguillé par ce flou persistant, Van Sant tourne le dos au récit biographique classique et livre, sous forme de méditation poétique, une vision de ce qu'auraient pu être les derniers jours de Cobain. Des intentions d'ailleurs clairement énoncées avant le générique de fin. D'autre part, LAST DAYS a beaucoup en commun avec GERRY et ELEPHANT, les deux longs métrages précédents de Van Sant. Eux aussi basés sur des événements d'actualité recyclés en matériau fictif, ces deux films traitaient en outre de la mort et se distinguaient par leur approche impressionniste et leur structure elliptique. Allusif, Van Sant observe son sujet mais évite de dresser son profil psychologique, se gardant bien de porter aucun jugement. Au spectateur de se faire sa propre opinion à partir des bribes d'informations qui lui sont offertes. Dans le rôle de Blake, Michael Pitt livre une performance un peu désincarnée, reflétant le flou qui baigne le film. Il s'écoule d'ailleurs de longs moments avant qu'on aperçoive enfin son visage. Pari audacieux du réalisateur, qui rend difficile tout sentiment d'identification. Or, la puissance d'évocation de ses images compense amplement.

Texte : Michel Defoy