Fr. 2005. Drame judiciaire de Claude Chabrol avec Isabelle Huppert, François Berléand, Thomas Chabrol. Après avoir fait arrêter un industriel important, une juge d'instruction s'emploie obsessivement à punir les coupables d'une vaste affaire frauduleuse. Récit captivant fortement inspiré d'un fait authentique. Bon dosage entre les éléments judiciaires, politiques et intimistes de l'histoire. Ton cynique. Réalisation plutôt sage. Distribution solide. (sortie en salle: 2 mars 2007)
Après avoir fait arrêter un industriel important, une juge d'instruction s'emploie obsessivement à punir les coupables d'une vaste affaire frauduleuse. Récit captivant fortement inspiré d'un fait authentique. Bon dosage entre les éléments judiciaires, politiques et intimistes de l'histoire. Ton cynique. Réalisation plutôt sage. Distribution solide. (sortie en salle: 2 mars 2007)
Après deux oeuvres plutôt mineures (LA FLEUR DU MAL et LA DEMOISELLE D'HONNEUR), Claude Chabrol renoue dans L'IVRESSE DU POUVOIR avec le style de cinéma polémique et musclé qui a fait sa réputation (LES NOCES ROUGES, UNE AFFAIRE DE FEMMES). Partant d'un scénario inspiré d'un scandale politico-financier notoire (impliquant la pétrolière Elf), dont la magnitude a atteint celui du scandale des commandites chez nous, le cinéaste a réalisé un thriller cynique, captivant et ambitieux, dans lequel les éléments judiciaires, politiques et intimistes sont bien dosés. Si la mise en scène se révèle plutôt sage, le point de vue du cinéaste sur les rapports de pouvoir reste caustique, limpide et porteur. Pour sa septième collaboration avec Chabrol (inaugurée en 1978 avec VIOLETTE NOZIÈRE), Isabelle Huppert, souvent tranchante, parfois vulnérable, domine avec aisance une distribution solide.
Texte : Jean Beaulieu
Thibaut Dary - L'Homme Nouveau
Le récit rappelle fortement l'affaire Elf, mais il manque de clarté. Le comportement de certains personnages aurait nécessité davantage d'explications, et Claude Chabrol se laisse un peu trop aller à la caricature. Il capte néanmoins avec une certaine justesse le personnage complexe du juge d'instruction, entre goût du pouvoir et sens de l'éthique. Isabelle Huppert réussit à lui donner ce mélange de force et de fragilité.
Kirk Honeycutt - The Hollywood Reporter
L'IVRESSE DU POUVOIR has a joke built into its title. While the film is no comedy, the point of view from veteran French auteur Claude Chabrol is essentially comic: he sees a clash of power between an investigating French magistrate and corporate executives and politicians grabbing money by misappropriating public funds as an adolescent pissing contest. Everyone thinks he or she holds ultimate power, but Chabrol - who, after all, as the movie's director is the real power here - strips away the privileges and responsibilities of the "powerful" to reveal people unable to control even their own lives. (...) L'IVRESSE DU POUVOIR is somewhat typical of recent efforts by the great French director - natural lighting, real locations, well-upholstered decors, veteran actors at home with reams of dialogue and a narrative that favors thought over action and behavior over emotion.
Antoine de Baecque - Libération
L'intérêt majeur de cette IVRESSE DU POUVOIR, outre son jeu de miroir avec l'affaire Elf (...), est l'étrange couple Claude Chabrol - Isabelle Huppert. Septième "huppert-film" du briscard Nouvelle Vague, cet opus prend une place particulière dans une généalogie qui comporte un grand classique (UNE AFFAIRE DE FEMMES, 1998), (...), une loufoquerie (RIEN NE VA PLUS, 1997), (...) et des oeuvres au noir (LA CÉRÉMONIE, 1995). Ce nouveau film accueille tous les précédents, telle une chimère composée de fragments hétérogènes, un plat où se mélangent les genres et les cuisines (...). C'est une farce et un suspense quasi policier, un portrait de femme et l'anatomie cruelle d'une époque, tout est clair mais on n'y voit goutte.
Lisa Nesselson - Variety
As often the case with films in which she appears, Isabelle Huppert is the chief pleasure in legal procedural L'IVRESSE DU POUVOIR, her seventh outing with helmer Claude Chabrol. Cat-and-mice tale of an examining magistrate on the trail of big cheeses who played fast and loose with company funds is recognizably inspired by a real-life scandal known as the "Elf Affair". (...) In L'IVRESSE DU POUVOIR, the smug wrongdoers are all men and the judges are women. Scenes in which Jeanne questions witnesses in her tiny office at police headquarters are great fun. (...) As always, helmer Chabrol delights in the permutations of human stupidity; the score by his son, Matthieu, neatly reinforces the tone. Lensing by ace d.p. Eduardo Serra (...) anchors the ever-shifting game of one-upmanship in a Paris where even darkish dealings are bathed in natural light.
Michaël Melinard - L'Humanité
Claude Chabrol, cinéaste gourmand et gourmet, se délecte d’ordinaire à égratigner la bourgeoisie provinciale. Avec L'IVRESSE DU POUVOIR, le maître progresse de plusieurs échelons dans l’échelle sociale en s’attaquant au gratin du monde politique et de la finance. Certes, il s’agit de fiction et Chabrol s’est délibérément gardé de nommer des personnes ayant réellement existé. Néanmoins, dans cette oeuvre librement inspirée de l’affaire Elf, les ponts avec la réalité de ce fait divers qui a occupé la scène médiatico-judiciaire au début du millénaire sont nombreux. (...) Bien qu’il se garde de tout jugement moral, Chabrol brocarde les pouvoirs politique, économique et judiciaire en découvrant la lâcheté, les manipulations et les méthodes de voyous employés par certains. L’une des qualités du cinéaste est d’avoir su dépeindre des personnages à la limite de la caricature, sans jamais tomber dans cet écueil. (...) Mais pour sa septième collaboration avec Isabelle Huppert, devenue au fil du temps son actrice fétiche, le cinéaste délivre aussi un magnifique portrait de femme.