Can. 2005. Drame de Jeremy Peter Allen avec Roy Dupuis, Serge Houde, Tony Robinow. Un directeur de prison est troublé par la dernière volonté d'un condamné à mort qui lui demande d'envoyer à sa mère l'enregistrement vidéo de son exécution. Récit fragmenté d'après une nouvelle de Yann Martel. Réflexion nuancée sur la peine capitale. Exercice de style aux nombreux changements de ton. R. Dupuis saisissant dans un rôle caméléon.
Un directeur de prison est troublé par la dernière volonté d'un condamné à mort qui lui demande d'envoyer à sa mère l'enregistrement vidéo de son exécution. Récit fragmenté d'après une nouvelle de Yann Martel. Réflexion nuancée sur la peine capitale. Exercice de style aux nombreux changements de ton. R. Dupuis saisissant dans un rôle caméléon.
Tournée en 19 jours, cette adaptation d'une nouvelle épistolaire de Yann Martel ("L'Histoire de Pi") se présente à la fois comme un exercice de style (sous forme de film à sketches) et comme une réflexion nuancée sur la peine capitale et la nature de la vérité. En effet, le contexte narratif du film permet en quelque sorte de faire défiler, au fil de la pensée du directeur de la prison, nombre de variantes sur le déroulement d'une exécution. Ce qui permet à Jeremy Peter Allen d'opérer, à même les contraintes de son film (un duel d'acteurs dans un décor limité) d'importants changements de ton. Passant aisément du tragique au comique burlesque, aidé en cela par une partition musicale couvrant une grande étendue de genres, MANNERS OF DYING voit parfois son efficacité dramatique s'émousser au profit d'une volonté manifeste chez son auteur de faire valoir sa polyvalence, créant assez vite une distance avec le spectateur. Cette performance de cinéaste n'en est pas moins soutenue par une saisissante prestation de Roy Dupuis, qui s'abandonne avec intensité aux facettes sans cesse changeantes de son personnage. Quant à Serge Houde, il accomplit un travail non moins surprenant par l'impassibilité stoïque et le tourment intériorisé qu'il oppose à son partenaire de jeu.
Texte : Jean-Philippe Gravel