É.-U. 2005. Comédie dramatique de Jim Jarmusch avec Bill Murray, Jeffrey Wright, Sharon Stone. Un célibataire endurci recherche quatre de ses anciennes flammes afin de découvrir la mère d'un fils qu'il n'a jamais connu. Oeuvre existentialiste dénuée de toute forme d'idéalisme. Rythme d'une lenteur étudiée. Réalisation épurée. Jeu hyper-décontracté de la vedette.
Un célibataire endurci recherche quatre de ses anciennes flammes afin de découvrir la mère d'un fils qu'il n'a jamais connu. Oeuvre existentialiste dénuée de toute forme d'idéalisme. Rythme d'une lenteur étudiée. Réalisation épurée. Jeu hyper-décontracté de la vedette.
Jim Jarmusch dédie son film à Jean Eustache, un hommage insolite qui prend pourtant tout son sens devant le style épuré du réalisateur américain, proche du cinéma-vérité de son regretté collègue français. Jarmusch s'évertue en effet à restituer une image des États-Unis dénuée de toute forme d'idéalisme ou de chauvinisme, insistant pour capturer la vie banale et parfois absurde de l'Amérique profonde à l'aide de leitmotive visuels à la fois redondants et minimalistes (un avion qui décolle, la route qui défile, une intersection, le rétroviseur gauche d'une voiture). Ce qui confère au récit un rythme d'une lenteur étudiée, presque métrique dans sa durée, ponctuée par une trame sonore agrémentée de jazz planant. Dans ce contexte, l'interprétation hyper-décontractée de Bill Murray, d'une déconcertante immobilité, s'intègre parfaitement au caractère existentialiste de l'oeuvre. Pourtant, le protagoniste est défini non pas par ses actes, mais par la personnalité des quatre femmes qu'il a jadis fréquentées. Ces femmes aux tempéraments si contrastés sont admirablement campées par quatre actrices de talent qui savent construire un personnage complet dans les quelques minutes qui leur sont allouées à l'écran. Face à ce débordement de féminité, le non-jeu de Murray devient le non-dit de cette comédie douce-amère dont le plan final en laissera plus d'un perplexe.
Texte : André Caron