L’AVIS DE MEDIAFILM

En 1995, Denise Filiatrault avait écrit une télésérie sur Alys Robi, son idole de jeunesse. Neuf ans plus tard, c'est en tant que réalisatrice au grand écran qu'elle jette un nouveau regard sur le destin à la fois fabuleux et dramatique de celle qui fut la première star internationale de la chanson au Québec. Adoptant une structure narrative en flash-back correspondant aux réminiscences éparses de l'héroïne angoissée par sa prochaine (et cruelle) intervention chirurgicale, le récit est constitué de scènes souvent courtes qui s'enchaînent à un rythme soutenu. Toutefois, le caractère épisodique du scénario peut laisser par moments une impression de superficialité. De plus, tenter d'expliquer les troubles mentaux de la chanteuse par sa culpabilité judéo-chrétienne apparaît plutôt simpliste, tandis que l'allusion aux orphelins de Duplessis manque singulièrement de subtilité. Quoi qu'il en soit, Filiatrault est parvenue à recréer de façon vivante et colorée la scène du music-hall montréalais de l'époque. En revanche, le parcours international de la protagoniste est évoqué de manière beaucoup plus modeste. Au sein d'une distribution irréprochable, Pascale Bussières offre une performance admirable, se montrant étonnamment à l'aise dans le glamour et très poignante dans le drame, en plus de révéler des talents insoupçonnés de chanteuse.

Texte : Louis-Paul Rioux