Fr. 2004. Drame psychologique de André Téchiné avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Gilbert Melki. Un ingénieur cherche à reconquérir la femme qu'il aime depuis 30 ans, une animatrice de radio établie à Tanger. Variations complexes et touffues sur les thèmes chers au réalisateur. Utilisation évocatrice des décors. Caméra nerveuse. Belle complicité de jeu entre les deux vedettes.
Un ingénieur cherche à reconquérir la femme qu'il aime depuis 30 ans, une animatrice de radio établie à Tanger. Variations complexes et touffues sur les thèmes chers au réalisateur. Utilisation évocatrice des décors. Caméra nerveuse. Belle complicité de jeu entre les deux vedettes.
Pour son dix-septième long métrage, André Téchiné retrouve non seulement Catherine Deneuve, qu'il dirige pour la cinquième fois, mais aussi Gérard Depardieu, avec qui il n'avait pas travaillé depuis BAROCCO en 1976. LES TEMPS QUI CHANGENT explore plusieurs thèmes chers au cinéaste, dont la fragilité des rapports amoureux et familiaux, ainsi que les liens intergénérationnels. En utilisant une caméra portée à l'épaule, il jette un regard intimiste sur un monde à la fois exotique - tout le film se déroule à Tanger - et pourtant familier, avec ces maisons sobrement décorées et lumineuses, ou encore ces chambres d'hôtel anonymes, départageant ainsi les univers des deux personnages principaux. Construit comme un long flash-back amorcé par une scène tragique dont on ignore l'issue finale, le scénario se révèle touffu et complexe. Le film explore la reprise difficile de cet amour de jeunesse mais s'attarde aussi sur le besoin de liberté (sexuelle) de Sami ainsi que les frustrations de Nadia qui tente de renouer avec sa soeur jumelle, son contraire en tous points sur le plan des valeurs. De l'ensemble se dégage malgré tout une certaine légèreté, tranchant d'ailleurs avec les films récents du réalisateur, dont ALICE ET MARTIN et LES ÉGARÉS. Et le face-à-face Deneuve-Depardieu, toujours attendu et célébré, n'éclipse jamais l'assurance et la force des autres interprètes.
Texte : André Lavoie